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Une drôle de dame - Institutrice le jour, saboteuse la nuit

Edmone Robert
Edmone Robert
Edmone Robert, institutrice le jour, saboteuse la nuit

Née à Falaise le 19 octobre 1912, elle meurt le 4 mai 1945 dans le train ambulance qui la ramène de déportation en France. Elle inhumée à Falaise.

En 1941, Edmone Robert est institutrice dans le pays d'Auge. Elle a 28 ans et des idées progressistes. Déjà en juin 1940, elle récupère des armes abandonnées par l'armée française en pleine débâcle. Elle ne tarde pas à rejoindre un groupe d'action du Parti communiste sous le nom de «Lucienne". À Saint-Aubin-sur-Algot, elle reçoit régulièrement des clandestins et des responsables du Front national. «Des cousins de passage l) répond-elle aux curieux.

Prétextant des cueillettes pour sa classe, elle récupère les colis des ag~nts de liaison jetés du train Paris-Caen. Elle participe à la préparation des sabotages. En remplacement à Airan, elle repère le meilleur endroit pour faire dérailler le train Maastricht-Cherbourg. Le 15 avril 1942, l'attentat tue 30 soldats allemands. « Jean» et « Maurice», auteurs du sabotage, se planquent chez« Lucienne».





Photographie prise par la brigade de police judiCiaire sur les lieux de l'attentat d'Airan. Dans la nuit du 16 avril 1942
Photographie police judiciaire sur à Airan. Dans la nuit du 16 avril 1942

DÉNONCÉE PAR LE MAIRE DE LA COMMUNE

Le 28 juin, les trois résistants ont fixé rendez-vous à de nouvelles recrues, un garagiste et ses deux ouvriers. Depuis des semaines, Edmone leur transmet des tracts. Sont-ils prêts à passer à l'action directe? À l'été 1942, les sabotages reprennent de plus belle: incendie des Courriers Normands, vol d'explosifs à la carrière des Vignat. ..

À la suite d'un attentat manqué sur là ligne ferroviaire Paris-Cherbourg, deux résistants sont interpellés et l'un d'eux perd son portefeuille dans la bagarre.
La police remonte le fil vers les jeunes recrues du garage qui ne résistent pas aux interrogatoires et dénoncent Edmone.

Le 21 décembre, elle voit arriver les policiers dans sa classe. Vite, elle glisse dans le cartable d'une élève des documents compromettants. Edmone est arrêtée, mais il n'y a aucune preuve contre elle. «C'est vous Lucienne?» Elle martèle : «Je suis Edmone», malgré les sévices infligés. Mais le père de son élève a remis les documents au maire du village, qui, trop zélé, les divulgue à la gendarmerie, puis à la sous-préfecture. De là, ils sont transmis au tribunal. Edmone est condamnée et déportée. Très affaiblie par la tuberculose; elle meurt dans l'ambulance qui la ramène des camps le 4 mai 1945.

Source: "Ouest-France - 1940-1945 L'Ouest terre de héros"

Texte de Marylène CARRE


PORTRAIT D'EDMONE ROBERT



Source : Archives départementales du Calvados


RÉACTION DE L'OCCUPANT

Après un second sabotage, 15 jours plus tard, dans la nuit du 1er mai, au même endroit, qui entraîne cette fois la mort de 10 autres Allemands, la réaction de l'occupant à ce coup d'éclat de la Résistance normande - le premier du genre à le frapper en France - est terrible: des dizaines de prisonniers politiques fusillés en représailles, mais aussi l'arrestation de 130 otages "communistes ou juifs" à Caen et dans le reste du Calvados. Nombre d'entre eux seront déportés vers Auschwitz; bien peu en reviendront!

Parallèlement, la police française, collaborant avec l'ennemi, entame une lutte acharnée pour retrouver les auteurs de ces sabotages - qui résolument poursuivent leur combat. Cette longue traque, aux multiples rebondissements, s'achève un an plus tard par le démantèlement du groupe de résistants et l'exécution au Mont Valérien de 14 de ses membres.

Cette affaire, fut probablement la plus tragique qu'ait connu la région au cours de l'Occupation.



Article Ouest-France

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