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Pour cause de réaménagement, la MHEM à Carentan est provisoirement fermée au public. Nous vous prions de nous en excuser.


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vendredi 30 octobre 2020

Enseignement secondaire spécial vs Enseignement primaire supérieur

 

Guizot, en faisant adopter la loi du 23 juin 1833 à laquelle son nom reste attaché, établit les bases d’une école primaire en France placée sous la vigilance de l’État. La loi Guizot créait l’enseignement primaire supérieur (article premier) : « l’instruction primaire est élémentaire ou supérieure[1] » : une école primaire supérieure devait être créée dans toutes les préfectures ainsi que dans les villes de plus de 6 000 habitants. « Cette loi est vraiment la charte de l’instruction primaire », affirmait, non sans quelque raison, son promoteur.

La Seconde République, du moins dans ses débuts, poursuivit l’œuvre entreprise[2]. La constitution du 4 novembre 1848 retenait bien les principes de l’obligation scolaire et de la gratuité mais confirmait la liberté d’enseignement. Les élections du 13 mai 1849 consacraient les partis conservateurs et, parmi eux, le parti catholique qui comptait 450 députés sur 750 sièges. Un royaliste, Dupin, présidait la législative, tandis que Louis-Napoléon, chef équivoque d’une république agonisante, préparait, par ses messages, une seconde dictature. Née des influences l’ultramontaines, soutenues par le parti « Ultra », une nouvelle théocratie s’affirmait. Adolphe Thiers, avec l’éloquence qui lui est reconnue, manifestait une profonde aversion pour le corps enseignant. A la commission chargée du projet de loi sur les écoles, en 1849, il fulminait : « J’aime mieux l’instituteur sonneur de cloches que l’instituteur mathématicien » « … Le remède le plus efficace serait assurément de confier l’instruction primaire au clergé… ». On ne pouvait être plus explicite. Sa défiance à l’égard des instituteurs laïques était à son comble. Il affirmait : « … Je suis prêt à donner au clergé tout l’enseignement primaire… »[3]. Le futur fossoyeur de la Commune, était ouvertement opposé à l’école primaire : « Oui, je veux restreindre cette extension démesurée de l’enseignement primaire… Je soutiens que l’enseignement primaire ne doit pas être forcément et nécessairement à la portée de tous… » Le triomphe fut consommé, d’abord avec la loi Parieu (11 janvier 1850), puis avec la loi Falloux, du nom du député du Maine-et-Loire, le comte Alfred de Falloux (15 mars 1850). Avec la première, il entrait dans les prérogatives des préfets de révoquer les instituteurs et les institutrices qui soutenaient des idées républicaines. La loi Falloux, elle, défendue par l’abbé Dupanloup, Montalembert et Thiers, prônait la liberté d’enseignement et accentuait le rôle de l’église. Elle autorisait également la possibilité d’ouvrir des écoles pour les filles, mais seulement si les ressources locales le permettaient. Ainsi fut votée la « loi qui porte un masque » selon l’expression de Victor Hugo pour assurer les fondements de ce qui allait constituer « l’enseignement libre ».

Cette même loi Falloux, ignorant les écoles primaires supérieures, entérinait leur suppression, en quelque sorte, par prétérition. Certes, en 1852, elles allaient être à nouveau mentionnées. Mais il n’en fallut pas davantage pour qu’une conception qui n’avait guère rencontré beaucoup d’empressement, fût, pour ainsi dire, abandonnée. Cette loi, en fait, venait ruiner toute l’œuvre scolaire antérieure et ramenait l’enseignement primaire à ce qu’il était avant 1830.

La priorité se trouvait de nouveau accordée aux collèges. Une partie des programmes des écoles primaires supérieures furent intégrés aux enseignements de l’école primaire. Mais ils n’en demeuraient pas moins facultatifs ! La plupart des écoles primaires supérieures existantes avaient été annexées aux collèges ou avaient été dissoutes.

Pourtant l’idée continua de cheminer dans les esprits. Victor Duruy, le très libéral ministre de l’Instruction publique[4] d’un Empire qui, pour feindre de cacher sa nature, s’ajoutait le qualificatif de « libéral », lors d’une visite à Coutances, prit la mesure de la nécessité de créer, au sein des lycées et collèges, un enseignement spécial à scolarité réduite, aux programmes utilitaires orientés vers des applications économiques et pratiques[5].

Voilà ce que nous écrivions dans l’ouvrage consacré à l’histoire de cet enseignement : Quand les enfants du peuple avaient leur école, publié en 2012. Jusqu’à ce que Christophe Canivet retrouve, en feuilletant les journaux de l’époque, notamment le Journal de l’arrondissement de Valognes, un article sur l’enseignement secondaire spécial dispensé au lycée de Coutances. Il constitue un fort intéressant complément aux Notes et souvenirs du Ministre.

Yves Marion




Le Journal de l'arrondissement de Valognes, 26 août 1864

et autres journaux du département

 

Lycée Impérial de Coutances.

Année scolaire 1864-1865.

Enseignement secondaire spécial

Cet enseignement qui existait, de fait, depuis longtemps déjà, au lycée de Coutances, y a reçu, pendant la dernière année scolaire, de nouveaux développements et une organisation entièrement conforme au but des nouveaux programmes soumis au contrôle de l'expérience. C'est un enseignement sérieux et étendu, qui ne laisse de côté que le grec et le latin et qui se préoccupe surtout de l'utilité pratique. « Nous laisserons vient de dire le Ministre dans une circonstance solennelle, nous laisserons au lycée classique la théorie, qui forme les esprits élevés ou puissants dont nous avons besoin pour marcher en avant ; mais nous placerons au collège spécial les applications, pour préparer là des industriels, des agriculteurs et des négociants, qui sachent tout ce que la science peut donner de force productive à l'industrie et à l'agriculture, de facilités au commerce, de bien-être à la société. »

 

L'essai complet qui vient d'être fait de cet enseignement a été des plus satisfaisants ; et il parait hors de doute qu'on peut, en 4 ou 5 années, à l'âge qu'on suppose, préparer des jeunes gens à un grand nombre de carrières pour lesquelles l'étude des langues anciennes n'est pas indispensable.

 

Pour faire bien comprendre, au reste, le but et l'importance de ce qui s'appellera peut-être bientôt l'enseignement moderne, il suffira d'indiquer aux familles les principales écoles ou carrières auxquelles il peut conduire. Ce sont :

 

    École centrale (Paris).

    Id. d'Arts et MétTers (Angers).

    Id. de Mineurs (St-Étienne, Alais).

    École Navale.

    Id. d'Hydrographie : capitaines au long-cours et au cabotage.

    Id. de Cavalerie (Saumur).

    Id. d'Agriculture.

    Id. de Vétérinaires (Alfort).

    Carrières commerciales de tout genre.

    Administration des télégraphes.

    id. des chemins de fer.

    id. des ponts-et-chaussées.

    id. des postes

    id. des contributions indirectes.

    id. des douanes et des tabacs.

    id. des finances : perception, recettes publiques ou privées, économats.

    Administration du cadastre.

    Emplois de géomètres-experts, d'agents d'affaires.

    id. d'architectes

    id. des vérificateurs des poids et mesures,

    Notariat

    Greffe des tribunaux, des justices de paix et des mairies.

    Charges d'avoués,

    id. d'huissiers.

    Fonctions de professent pour l'enseignement spécial, d'instituteurs.

    École normale primaire.

    Écrivains pour toutes sortes d'administrations ou bureaux, etc.

 

Article trouvé par Christophe Canivet

 



[1] Souligné par nous.

[2] Philippe VIGIER, 1848, Les français et la République, Paris, Hachette, collection « La vie quotidienne », 1998,  pp. 19-20.

[3] Les débats de la Commission de 1849. Discussion parlementaire et la loi de 1850, par H. de Lacombe, 1899, p.34

[4] Ministre de l’Instruction du 23 juin 1863 au 24 mai 1869

[5] Victor DURUY, Notes et souvenirs, Paris, Hachette, 1901, t.1, pp. 167-168, cité par Antoine PROST, L’enseignement en France (1800-1967), Paris, Armand Colin, Collection, « U », 1968, pp. 66-67.

Inauguration du Petit Lycée à Coutances

 




Le Journal de l'arrondissement de Valognes, 26 août 1864

et autres journaux du département

 

Lycée Impérial de Coutances.

Année scolaire 1864-1865.

 

Inauguration d'un petit lycée


À partir de la prochaine rentrée des classes, il est fondé au lycée impérial de Coutances, un quartier spécial pour les plus jeunes élèves, sous la dénomination de PETIT LYCÉE.

 

Une classe primaire qui est en pleine voie de prospérité et l'ensemble des mesures prises depuis quelques années permettent d'y recevoir des externes libres, des externes surveillés, des demi-pensionnaires et des pensionnaires, de l'âge de sept à dix ans.

 

Cet établissement a pour but d'accoutumer de bonne heure les enfants à l'ordre et au travail et de les mettre, par-là, en état de commencer les études secondaires à neuf ou 10 ans. Autant que possible, conformément aux exigences de la société actuelle.

 

Rien ne sera négligé pour assurer à ces jeunes enfants une bonne éducation religieuse et morale, des exercices variés favorables au développement physique, et tous les soins qui ne se trouvent d'ordinaire qu'au sein de la famille. Ils seront confiés aux maîtres les plus expérimentés du lycée.

 

Les nombreux bâtiments destinés au petit lycée sont admirablement situés et se prêtent merveilleusement à cette destination : dortoirs, salles d'étude, salle de soins de propreté et d'hygiène, salle de bains, vastes cours de récréation et préaux couverts, parloirs, tout est installé dans les meilleures conditions. Le quartier, en entier, quoique se rattachant d'un côté au grand lycée (ce qui rend les relations et la surveillance plus faciles), est néanmoins complètement isolé de l'établissement principal et il n'y aura aucune communication entre les élèves des deux établissements.

 

Cette séparation permettra d'assurer aux jeunes enfants du nouveau quartier une discipline à part, des récréations plus fréquentes et des soins tout particuliers de propreté et d'hygiène. Une femme exclusivement attachée à ce quartier sera chargée de donner, à chaque instant du jour, ces petits soins maternels que réclament l'âge et la santé des jeunes enfants.

 

Les familles pourront rester chargées du blanchissage et des menus raccommodages ; et, dans ce cas, leurs enfants changeront de vêtements, de linge et de chaussures aussi souvent que les parents le désireront : pour rendre cela plus facile, un vestiaire et une lingerie supplémentaires seront installés dans le nouveau local.

 

Pour être admis dans l'internat du petit lycée, il faut être âgé de moins de 11 ans et n'avoir jamais été dans un autre établissement. — Les enfants qui y auront été admis pourront y rester, même après l'âge de 10 ans, s'ils se montrant dignes, par leur bon esprit et leur bonne conduite, de jouir plus longtemps des faveurs exceptionnelles attachées à ce quartier.


Article trouvé et mis en forme par Christophe Canivet

vendredi 23 octobre 2020

Décès de Gisèle DELAUNAY

Gisèle DELAUNAY


 

C'est avec une grande tristesse que nous vous faisons part du décès de Gisèle DELAUNAY survenu le 21 octobre 2020.

Les obsèques se tiendront le mercredi 28 octobre 2020 à 14 heures au Crématorium de Caen.

 




 Cher(es) Ami(es)

Je viens aujourd'hui vous parler d'une grande dame qui nous a quittés, discrètement, mercredi. Je ne la connaissais que depuis quelques années mais la sympathie s'est rapidement installée entre nous. Son élégance naturelle, sa droiture morale et intellectuelle, sa force dans les épreuves m'ont beaucoup marquée. Comme enseignante, elle avait aimé transmettre des connaissances et tout un savoir être à ses petits élèves, les éveillant à la beauté de la musique et à la beauté de la peinture notamment. Elle était profondément attachée aux valeurs qui sont les nôtres, celles de l’École de la République, aimait nos réunions tant de l'AMOPA que celles de la MHEM. Elle parlait toujours de l'avenir, elle était une femme lumineuse.

Nous avons eu tous la chance de la connaitre.

Merci chère Gisèle

Chantal Procureur

Vice présidente de la section 

AMOPA de la Manche

Lettre aux instituteurs et institutrices

 Dépêcche du 15/01/1888

Jean Jaurès - Lettre aux instituteurs et institutrices

(La Dépêche de Toulouse, 15/01/1888)


Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu'ils aient une idée de l'homme, il faut qu'ils sachent quelle est la racine de nos misères : l'égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse. Il faut qu'ils puissent se représenter à grands traits l'espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l'instinct, et qu'ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s'appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l'âme en éveillant en eux le sentiment de l'infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c'est par lui que nous triompherons du mal, de l'obscurité et de la mort.
 

lundi 19 octobre 2020

Message du Président national de l’AMOPA à la suite de l'assassinat d'un professeur à Conflants-Sainte Honorine

 Message du Président national de l’AMOPA

 

Ce 16 octobre, l’indicible horreur a frappé aux portes d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine. Un professeur d’histoire-géographie a été décapité pour avoir dispensé un cours d’enseignement moral et civique.


Je tiens à assurer sa famille, ses collègues du Collège et, au-delà, l’ensemble du monde éducatif, du soutien de l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques. La barbarie de cet acte nous révulse. Enseigner c’est ouvrir au monde et à la culture, enseigner, c’est transmettre les valeurs républicaines inscrites au fronton de nos établissements scolaires. Égalité de recevoir le même enseignement, quelles que soient les origines et convictions personnelles, liberté de promouvoir le fondement de notre République et d’exprimer ses opinions dans le respect des personnes, fraternité entre les êtres qui bannit la violence.


L’école républicaine et laïque est un des piliers de la démocratie. Sachons accompagner et soutenir, au quotidien, les enseignants. Sachons susciter tolérance et respect de la personne dans ce qu’elle a de plus précieux : la vie. Sachons transmettre aux jeunes les valeurs de liberté et de respect de l’autre.
 

Jean Pierre Polvent

mercredi 14 octobre 2020

Guillaume POSTEL

Guillaume Postel
Né à Barenton en 1510, mort à Paris en 1581, après avoir traversé le XVIe siècle en guerre, l’Europe et l’Asie en feu, il a eu le destin d’un savant de génie. Toujours très savant, et parfois très dément, il finit par s’apprivoiser à la sagesse.

 
Il a suscité l’admiration, l’envie, le rire, la pitié, et toujours l’étonnement. Il a connu la gloire, la peur, le succès, la prison, et l’oubli. Ses disciples firent de lui un personnage mythique, ensuite on n’en parla plus.

Il reste connu des bibliophiles qui, dans tous les temps, ont acheté à prix d’or ses ouvrages édités à faible tirage.  
 
Mais ce prophète de la Concorde Universelle et de Nations Unies, cet apôtre d’un œcuménisme militant, ce mystique de la féminité et du Couple régénéré ne méritait-il pas mieux qu’une place mineure dans les magasins pittoresques et les boutiques fantasques des bibliothèques ésotériques ?

mardi 13 octobre 2020

Qui est Jean FERRAT ?

Ça s'est passé dans la Manche !

Au théâtre de Carentan, dimanche 11 octobre, les amis de la MHEM et les amis du Secours Populaire se sont retrouvés en compagnie de  l'ami de Jean FERRAT, Joël CARPIER, pour une passionnante et captivante conférence ayant comme thème : "Qui est Jean FERRAT ?".

 


 

 

 

 

 

 

 

 

Joël CARPIER en compagnie des dirigeants de la MHEM.

 

 

 

 

 

 

 

 


Un grand merci à Joël CARPIER pour  ce mémorable moment !



lundi 12 octobre 2020

SHAM, conférence du 21 octobre 2020

Affiche
La Société d'Archéologie et d'Histoire de la Manche, organise une conférence "La chasse en forêt de Cerisy et aux alentours. Histoire d'une pratique séculaire" qui aura lieu le :


mercredi 21 octobre 2020, à 18H00,
en l'auditorium des Archives Départementales,
103 rue du Maréchal Juin, à Saint-Lô.

Madame Elisabeth RIDEL, docteur en sciences du langage et ingénieur au CNRS, au Centre de Recherche d'Histoire Quantitative (Université de Caen) animera cette conférence.

Entrée libre, et gratuite.Masque obligatoire, distanciation et gestes barrières devront être respectés.


vendredi 9 octobre 2020

Conférence sur Jean Ferrat

France Bleu Cotentin
France Bleu Cotentin

"Ça se passe dans la Manche " du jeudi 8 octobre 2020

"A Carentan dimanche une conférence sur Jean Ferrat" 

L'invité était Joël CARPIER le conférencier, ami personnel de Jean ferrat.

La conférence aura lieu le 11 octobre à 17 heures au théâtre de Carentan.

 Écoutez plutôt !


Pour en savoir plus

Instituteurs de la Manche morts pendant la Grande Guerre

Monument au morts EN St Lô
Vous trouverez en ligne, sur le site de la MHEM, la liste des 114 instituteurs de la Manche morts pendant ou suite à la Grande Guerre.

Pour accéder à la page, utilisez l'onglet "Souvenez-vous !" puis le choix "Instituteurs morts 14-18".

Lorsqu’il existe une fiche Mémoire des Hommes, un permalien permet d'y accéder directement en cliquant sur le nom de l'instituteur.

Le relevé à été réalisé par Yves MARION à partir du monument aux morts de l’École normale des instituteurs de la Manche.

Lien vers la page 


jeudi 8 octobre 2020

Il y a 101 ans à Percy

Almanach-Annuaire de Percy 1919

Il y a un peu plus d'un siècle, la pandémie de grippe espagnole frappait les Manchois.

 

Extrait de l'Almanach-Annuaire de Percy et du canton  de 1919. 

 
En 1911 Percy comptait 2532 habitants et 2328 en 1921
.

CHRONIQUE DU MOIS


La Grippe. - Il suffit de lire la longue liste de nos 22 morts, presque tous victimes de la grippe entre le 1er et le 13 du mois, pour se rappeler combien douloureuses furent les deux premières semaines d’octobre. - Le temps sombre et pluvieux se mit à l’unisson de la tristesse des âmes. I1 semblait vraiment que les familles épargnées par la guerre devaient apporter, axant la victoire, leur tribut de larmes et de souffrances à la rançon du pays.

La vie scolaire était suspendue, les cloches sonnaient en deuil à longueur de jours, l’église presque vide le dimanche. Pour en donner une idée, disons que le jour du Rosaire, si bien fêté d'ordinaire à Percy, une quinzaine de petits garçons et a peine autant de petites filles assistèrent aux offices, que le nombre des communions, qui habituellement s’élève en cette fête à 250 ou 300, atteignit à peine soixante-dix. Nous. N’exagérons pas en disant que 8/10e des enfants et près des 2/3 des grandes personnes ont été malades.

La guerre, le pire fléaux, entraîne toujours avec elle un cortège de calamités. L’Empire avait vu ses armées» décimée par le typhus et le choléra : en 1870 a variole causa de nombreux décès parmi les soldats et la population. Jusqu’ici, grâce aux mesures sanitaires prises par tous les belligérants, les épidémies nous paraissaient définitivement écartées alors que la victoire nous souriait, que la guerre semblait toucher à son terme, un mal sournois et contagieux, la grippe, espagnole soi-disant, après avoir ravagé les pays ennemis s’introduisait chez nous et de proche en proche gagnait toute la France :

« Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés »

Il fut ainsi pour Percy, où les premiers cas de grippe furent observes dès la fin de septembre, et ou du 1er au 15 octobre atteignit son apogée. Peu de maisons n’eurent pas à compter de malades, beaucoup en virent plusieurs: quelques familles entières même en lurent frappées. Le bourg lut relativement plus éprouvé que la campagne, mais celle-ci paya largement son tribut, et, dans une seule famille, la mère et la fille se suivirent à peu de jours d intervalle dans la tombe. Peu à peu le mal diminua d’intensité, ne laissant après lui qu’une trop longue liste de victimes. 


Inondations de la vallée de la Vire en 1852

Les inondations du week-end dernier ont été littéralement désastreuses dans le sud-est et nous ne pouvons que compatir.

178 ans auparavant, jour pour jour, c'était la vallée de la Vire qui souffrait.

 

L'assemblée Nationale du 9/10/1852

Inondations.

 
On écrit de Saint-Lô, 5 octobre :

Les désastres que nous avions prévus se sont malheureusement réalisés. Sur les trois heures de l’après-midi, une partie des bâtiments et de la mécanique du moulin de la famille David, situé près le pont de Candol, sur la route de Villedieu, à quatre kilomètres de Saint-Lô, en amont du pont de cette ville dit le pont de Vire, n’a pu résister à l'impétuosité dévastatrice du torrent et a été enlevée. L'eau qui hausse toujours est arrivée sur la route même et va intercepter la communication entre les deux rives.

Vers la même heure de l'après-midi, le pont de Gourfaleur, situé à deux kilomètres en amont du pont de Candol, sur la route de Tessy, s'écroulait avec fracas dans la rivière, entraînant dans sa chute une charrette attelée de trois chevaux qui le traversait au moment même. Par un hasard providentiel, le conducteur est parvenu à se sauver. Un cheval seul a pu être retiré.

Huit heures du soir. — Il est certain que le pont de Tessy, bourg situé également sur la Vire supérieure, à deux myriamètres de Saint Lô, a perdu deux de ses arches.

Le pont de Vire, qui sépare la ville de Saint-Lô de la route de Coutances, et dont l'une des arches est aujourd’hui même en voie de reconstruction, a tenu bon jusqu'ici, mais on craint pour la nuit.

Les autorités rivalisent de zèle, M. Albert Dubois, maire de la ville, et toute l'administration départementale et municipale, ainsi que celle des ponts et chaussées, déploient une activité digne des plus grands éloges.

La gendarmerie, la troupe de ligne vont passer la nuit dans les divers quartiers inondés.

Plusieurs radeaux de sauvetage ont été établis dans chacune des rues qui longent la rivière. Les voitures, depuis midi, ne peuvent plus suffire à cause de l'élévation toujours croissante des eaux. L'atmosphère est loin d'être sereine ; mais il n'est plus tombé d'eau depuis dix heures. Toute la contrée est dans la consternation.

6 octobre, sept heures du matin.— Nous venons de voir le Pont de Vire, il est à moitié démoli. Trente-cinq mètres environ d'une ancienne construction du côté d'amont se sont détachés, sans être encore complètement entraînés, retenus qu'ils sont par la partie du pont qui reste encore debout. C'est sur les deux heures du matin qu'à la suite de deux craquements épouvantables cet écroulement a eu lieu. La communication a été interrompue entre les deux rives.

Huit heures du matin. — Le sauvetage des habitants de la rue des Ruettes, située en amont du pont dont il s'agit, se poursuit avec activité. Parmi les personnes qui se sont le plus distinguées dans cette tâche pénible, on cite M. Louis Enouf, ouvrier tanneur, qui a passé toute la nuit à aider à enlever sur son bateau les personnes restées dans les chambres du quartier submergé.

On parle également de la destruction du pont de Pont-Farcy, situé au-dessus de Tessy, mais ce désastre n'est pas encore officiel.

Les pertes occasionnées par ce débordement extra ordinaire de la Vire doivent être immenses. L'eau a atteint son maximum d'élévation hier soir de huit à neuf heures. Depuis elle a baissé, et au moment où nous écrivons, cette baisse peut être évaluée à 1 m. 15.

Midi. — De nouveaux malheurs sont à redouter. L'eau remonte !
 
 
Article proposé par Christophe Canivet

 

Article complet de RetroNews

 

samedi 3 octobre 2020

Nouvelle exposition - Les Petits Classiques

MHEM
Après l'exposition relative à l’œuvre de l'écrivain manchois pour la jeunesse Paul-Jacques Bonzon, depuis le 2 octobre, celle-ci a été remplacée par une exposition sur le thème des Petits Classiques.

 

La Maison de l’Histoire de l’École dans la Manche vous invite donc à feuilleter ces petits classiques qu’il faut racheter d’une génération à une autre mais que l’on garde toute sa vie.


L'Avare, comédie de Molière en cinq actes et en prose, adaptée de La Marmite de Plaute et représentée pour la première fois sur la scène du Palais-Royal le 9 septembre 1668.

Oui mais chez quel éditeur ?

Belin, Bordas, Flammarion, Gallimard, Hachette, Hatier, Larousse, Le Livre de Poche, Magnard, Nathan, Pocket…
Et dans quelle collection ?
Biblio Collège, Carrés Classiques Collège, Classico Collège, Classiques Pocket, Classiques Hachette, Œuvres & Thèmes, Folio Classique, Etonnants Classiques…
Sous quelle couverture ?
Un dessin, un tableau, une photo d’acteur, un portrait de Molière…
 
Depuis la création au XIXe siècle de la collection des « Grands écrivains de la France » par les éditions
Les Classiques
Hachette, on a établi un processus de classification des auteurs et des textes. Des savants ou « lectores » ont établi des éditions avec un appareil critique à l’usage des élèves et des générations entières sur les bancs de l’école. Avec l’industrialisation de l’édition, la culture de masse et les programmes scolaires, les éditions d’un même « classique » se sont multipliées, au gré des parts de marchés et autres standards graphiques.


Les listes scolaires et les choix des enseignants déroutent les parents. Les déformations des titres par les élèves (« Les Fourberies de l’escarpin », « Antigone de la nouille ») alimentent les perles des libraires.


Cédric Allegret

 

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