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mardi 14 décembre 2021

La pierre humide à reproduire ancêtre du duplicateur à alcool


En matière d’enseignement, le mode simultané, nécessitant de s’adresser au groupe, exige souvent une duplication des documents proposés aux élèves. Cette aspect, aujourd'hui, est  résolu par la performance des moyens de reproduction mis à la disposition des écoles. Hier, il l’était par les machines à reproduire des textes dactylographiés au moyen de stencils placés sur une ronéo. La duplication pouvait aussi recourir à un duplicateur à alcool permettant un transfert de l’encre via une solution à base d’alcool. Beaucoup ont connu ces pratiques. Préalablement, il existait un moyen de reproduction appelé « La pierre humide ».

La PIERRE HUMIDE A REPRODUIRE, créée en 1913, est un procédé de reproduction par polycopie, c’est-à-dire un tirage sans encrage ni mécanisme, d’une centaine de copies à partir d’un original écrit avec des encres « Polyco » ou tapé avec un ruban hectographique.

« La pierre humide à reproduire » se présente sous la forme d'une pierre fine livrée souvent dans une boîte métallique avec couvercle. Elle permet de décalquer l'écriture.

L'une des marques les plus connues fut la marque "Au cygne". La Maison de l’histoire de l’école dans la Manche, MHEM, a la chance de disposer de deux exemplaires de cette pierre humide à reproduire. En 2011, après un appel lancé sur mon blog, de bien vouloir me contacter si le hasard faisait découvrir cet objet dans le fond d'un grenier d'école ou de mairie, deux réponses me sont parvenues. L’une de Benoît Decreuze, d’Ornans, me faisant parvenir un ancien modèle malheureusement inutilisable parce que la pierre est desséchée ; la seconde m'a été donnée par Charlette Baudoin-Burgard, d’Aix-en-Provence.  Cet exemplaire, plus récent, est en parfait état de conservation et de fonctionnement. Que l’un et l’autre de ces généreux donateurs en soient vivement remerciés. Ces deux objets vont naturellement trouver leur place dans notre conservatoire.  

Ils illustreront, à côté des duplicateurs à alcool, le grand succès qu’a pu rencontrer ce procédé car, aussitôt le tirage fini, la plaque est prête à recommencer immédiatement et cela plusieurs fois de suite.

Les témoignages de celles et ceux qui ont eu recourt à ce procédé seront les bienvenus.

Le terme renvoie à la technique de la lithographie inventée par Senefelder en 1798 : sur une pierre calcaire polie, le motif est reproduit. La pierre est ensuite lavée à l’eau, puis est encrée au moyen d’un rouleau et seules les parties grasses retiennent l’encre. La feuille de papier est alors posée sur la pierre encrée et fortement pressée.
Ce principe a ensuite  été décliné avec des techniques et des matériaux différents.  Ce procédé a été adapté à des besoins scolaires et un moyen de reproduction intitulé « Pierre humide à reproduire » a été commercialisé. L’encre utilisée alors est une encre polycopiste extra-fluide « Au Cygne », de couleurs différentes. 
La Fédération Internationale des Mouvements d'Ecole Moderne (Pédagogie Freinet), a consacré deux numéros évoquant la technique de la pierre humide :

- L'éducateur prolétarien, n°1, octobre 1932 ; y est mentionné le prix d’une "Pierre humide à reproduire" et de la gamme de l’encre « Au Cygne » (noir, carmin, vermillon, vert, bleu, jaune, bistre).
 -  La Brochure d'éducation nouvelle populaire, n° 45, avril-mai 1949consacrée aux techniques d’illustration, évoque rapidement le procédé de la pierre humide.

Les encres « Au Cygne » ont pu être commercialisées par la marque allemande Schwan-Bleistift-Fabrik qui avait pris pour emblème un cygne (en allemand Schwan = cygne).


Yves Marion
27 janvier 2019. Mise à jour 14 décembre 2021
Pierre humide 1


Pierre humide 3
Pierre humide MHEM. Coll. YM
Pierre humide 2
Pierre humide MHEM. Coll. YM

Pierre humide 4

Pierre humide 5







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