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Pour cause de réaménagement, la MHEM à Carentan est provisoirement fermée au public. Nous vous prions de nous en excuser.


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vendredi 31 décembre 2021

Histoire de la Manche par les textes

Le service éducatif des archives départementales de la Manche, création de son directeur, fut confié à Maurice lantier, professeur agrégé d'histoire au collège mixte classique et moderne de Saint-Lô devenant lycée mixte Leverrier après une année transitoire (1954) d'annexe du lycée de Cherbourg. 

C'est dans ce cadre que fut pensée et élaborée l'idée de cette "Histoire de la Manche par les textes" à laquelle participa Lucien Leherpeur, professeur au CEG de Saint-Lô. Il s'agissait d'abord de proposer, sous forme de fiches perforées, des textes à disposition du personnel enseignant comme l'indique la fiche de présentation et la préface d'Henri Dégremont, inspecteur d'Académie de la Manche. 

Editées par l'imprimeur Saint-Lois, Leclerc, l'abonnement annuel était de 6,50 francs pour 6 livraisons (2 par trimestre). Chaque livraison comportait 7 fiches. 

Cet ensemble pouvait être réuni dans des classeurs et constitue, encore aujourd'hui, un outil précieux non seulement pour les enseignants, mais aussi pour toutes celles et tous ceux que l'histoire du département intéresse.

A titre d'illustration, la fiche d'abonnement et l'une des fiches relative à l'activité du port de Granville au XVIIIe siècle.


MHEM, fonds Delaunay, MHEM-3399


lundi 27 décembre 2021

Jean Jaurès : lettre aux instituteurs

 Le 15 janvier 1888, Jean Jaurès publiait une lettre adressée aux instituteurs dans laquelle il soulignait l’importance de leur rôle dans le projet républicain. 

Alors que la Troisième république commence à se stabiliser, notamment par les lois constitutionnelles de 1875, les gouvernements à tendance républicaine mènent d’importantes réformes qui vont structurer durablement le régime. 

Parmi celles-ci,  les projets de loi visant à mettre en place une école de la République libérée du pouvoir de l’église sont particulièrement importantes. C’est ainsi que Jules Ferry, Ministre de l’Instruction publique de façon quasi continue entre 1879 et 1883, fait voter la gratuité de l’école publique en 1881 et rend, en 1883, l’éducation laïque  et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 13 ans.

Jean Jaurès lisant un numéro de L'Humanité, photo de Henri Manuel, circa 1905 - source : WikiCommons


Retronews : 02/11/2020 par Antoine Jourdan - modifié le 31/10/2021





dimanche 26 décembre 2021

Médaille de certificat d'études

Le certificat d'études : 
un lieu de mémoire de la République

"Le certificat d'études, c'est comme la caisse d'Epargne, c'est la République" pouvait dire Jean Salomone, instituteur retraité, dans une conversation avec Patrick Cabanel, auteur de La République du certificat d'études, Belin, 2002. 

La réussite la plupart du temps débouche sur une fête. C'est aussi le temps des récompenses et des cadeaux. Associations d'amis de l'Instruction, notables, élus offrent de l'argent ou un livret de caisse d'Epargne. Les premier.e.s de canton sont congratulé.e.s. En plus du diplôme délivré par l'administration, des médailles peuvent être offertes. Comme celle-ci, offerte en 1933, à un candidat,  vraisemblablement en haute-Normandie.


Serions heureux de trouver des médailles de ce genre pour le département de la Manche.

Consulter :

Patrick Cabanel, La République du certificat d'études. histoire et anthropologie d'un examen (XIXe - XXe siècle), Paris, Belin, "Histoire de l'éducation", 2002, 320 p.


Yves Marion
7 avril 2019 Maj 14 décembre 2021


mercredi 22 décembre 2021

Un conte de Noël de Paul-Jacques Bonzon


Avec ce texte, chez Paul-Jacques Bonzon nous sommes à la fois aux limites du conte et celles de la nouvelle. De sorte, que, par exemple, un texte, « Les oranges du Père Noël », publié en 1965 par les éditions BIAS, dans Contes de mon chalet, est parfois considéré comme une version remaniée du conte inédit publié en 1946. Certes, les thématiques se ressemblent mais les personnages sont différents. Pour faire simple, nous dirions que le texte  de 1946 s’apparente plutôt à une nouvelle tandis que le second, publié en 1965, répond davantage à l’objectif affirmé par le titre de l’ouvrage.




Pour lire cliquer sur le lien suivant :

Un conte de Noël 

Victor, L'enfant sauvage de l'Aveyron

 À l'hiver 1800, un jeune garçon nu et voûté est retrouvé dans les bois du Tarn. Immédiatement considéré comme un « enfant sauvage », il est craintif, ne parle pas et se nourrit de pommes de terres.




Lire la suite


Pour en savoir plus :

Les enfants sauvages de Lucien Malson, paru en 1964 aux éditions 10/18

- L'enfant sauvage, film de François Truffaut. 
26 février 1970 en salle / 1h 30min / Drame



dimanche 19 décembre 2021

Buvard publicitaire Magdeleine


Au moment même où la vitrine d'exposition de la Maison de l'histoire de l'école dans la Manche (MHEM), 12 rue du Château à Carentan-les-Marais est consacrée à la publicité dans l'école, rentre dans ma collection personnelle un buvard Magdeleine. Il est d'autant intéressant qu'il est numéroté (n° 3 de la collection des édifices religieux), représentant la cathédrale de Saint-Lô (sic) que chacun sait n'être qu'une église. 



Quel écolier n'a pas connu le buvard publicitaire, cet outil indispensable au temps de l'encre violette?  L'entreprise granvillaise n'a pas manqué de saisir cette opportunité.

Se reportant à l'article de Wikimanche, l'entreprise est fondée par Henri Magdeleine (1899-1973) à Granville. Elle est spécialisée dans la fabrication industrielle de biscottes et de toasts.

À son plus fort, dans les années 1960, l'usine emploie 300 personnes et produit chaque jour dix-huit tonnes de biscottes et de toasts.

L'entreprise mène parallèlement une action publicitaire très dynamique. Ses buvards, « à conserver », sont sur les tables d'écolier, dans toute la France. Des véhicules à sa marque sillonnent le pays et accompagnent de nombreuses épreuves sportives, 

Le succès ne se démentant pas, Henri Magdeleine crée une usine à Béziers (Hérault) pour approvisionner plus vite le sud-est de la France.

En  1968, plusieurs biscuitiers se rapprochent, pour aboutir à la création du groupe Lu-Brun et Associés. Les Biscottes Magdeleine en font partie, mais pas longtemps car Henri Magdeleine et son fils, en désaccord avec sa politique commerciale, quittent le groupe en 1972. 

Les biscottes Magdeleine continuent d'exister à travers le groupe Lu, concomitamment à d'autres marques (Heudebert, Pelletier...).


D'autres buvards son exposés dans la vitrine 12 rue du Château à Carentan-les-Marais que beaucoup auront le plaisir de retrouver pour faire ressurgir leurs souvenirs des écoliers qu'ils ont été. 


« L’usine Lu, 40 ans de biscottes à Granville », Ouest-France, site internet, 11 juillet 2012.


Yves Marion, 19 décembre 2021

19 décembre 1890 : mort de Zénaïde Fleuriot, romancière pour la jeunesse


Au nombre des meilleurs romanciers du XIXe siècle pour la jeunesse, cette Bretonne de talent et d’une grande piété ne doit pas être seulement vue comme une continuatrice de la comtesse de Ségur écrivant, comme elle, dans la Bibliothèque rose, des contes pour les enfants : les jeunes filles comme leurs parents, émus et charmés, trouvaient toujours un plaisir extrême dans ses oeuvres et y puisaient d’heureux enseignements.


Zénaïde Fleuriot

Zénaïde Fleuriot naquit à Saint-Brieuc le 28 octobre 1829. Ses deux familles, paternelle et maternelle, étaient, l’une et l’autre, de vieille souche bretonne, tout imprégnées de la foi ardente de leurs ancêtres. Son père, Jean-Marie Fleuriot, était parent de l’abbé Royou, le célèbre prêtre et journaliste, rédacteur de l’Année littéraire, où il combattit Voltaire, et de l’Ami du Roi, où il combattit la Révolution.

Lire la suite 

https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14329 

À la suite de la Comtesse de Ségur, Zénaïde Fleuriot rencontra un succès considérable jusque dans les années 1950. Elle savait donner des modèles à suivre à ses jeunes lectrices, et décrire de façon vive et fraiche la vie quotidienne de la petite bourgeoisie française de son temps.


Gallica

Sapins de Normandie par Léon Deries

Contes de Noël normands par Chistophe Canivet.


SAPINS DE NORMANDIE[1]

Un coup, deux coups......  douze petits coups tous pareils à la pendule, et, d'une aile légère, la vieille année va s'envoler, d'une aile plus légère encore la jeune année va soudain venir se poser à sa place. Depuis bien des mois déjà, les fées, les magiciens, les enchanteurs, les architectes, inventeurs et artisans mystérieux qui de rien savent faire quelque chose, se sont mis à l’œuvre dans leurs merveilleux ateliers où ne pénètrent que les gnomes, les gobelins, les farfadets, tous les hôtes invisibles des royaumes de magie et de féerie. Puis un jour, au travers de la brume de décembre, d'éblouissantes lumières se sont allumées dans les villes, dans les petites comme dans les grandes. Au milieu des guirlandes de gaz, des couronnes électriques ainsi qu'en autant de palais de l'Exposition Universelle, sont apparus sur la soie, le velours, en demies pyramides, en colonnes, en étages superposés à l'infini, tous les prodiges de l'art et de l'industrie des fées, des magiciens et de enchanteurs. Et au sortir de classe, ignorants du logis, les jeune écoliers et les jeunes écolières restent là, immobiles, en extase, pour un instant transportés dans un monde qui hantera leurs rêves de ses inoubliables visions.

Les fondeurs, forgerons, ciseleurs et ajusteurs ont roulé, martelé, façonné le fer, et, sous leurs doigts agiles, le fer s'est métamorphosé en torpilleurs, en locomotives et en automobiles à l'usage de la nation du Petit Poucet. Les ingénieurs ont construit des forteresses avec des canons nouveau modèle. D'autres, plus experts en l'art d'ouvrer la matière, ont d'un coup de baguette, transformé en escadrons de cavaliers, en bataillons de fantassins, français. russes, chinois et japonais des masses informes de bois, de plomb et de carton. Il y a des panoplies de toute arme pour soldat, capitaine, colonel et général. Pour deux francs on est soldat, pour cinq, capitaine, pour dix, colonel, pour vingt, général. Toutes les bêtes de la création depuis le mouton, le chien, l'âne, le cheval, la girafe et l'éléphant se donnent rendez-vous dans des ménageries renouvelées de l'arche de Noé.

Cependant, à un souffle léger venu je ne sais d'où, ainsi qu'un chœur de figurantes dans on décor d'opéra, l'innombrable tribu des poupées s'est éveillée à la vie, toujours gaie, toujours pimpante, toujours coquette, vieille comme la femme et jeune comme elle, comme elle capricieuse, comme elle un peu folle en ses ajustements multicolores. Il est parmi elles d'orgueilleuses princesses aussi hautes que leurs futures mamans, qui remuent les lèvres, tournent des compliments de quelques mots, dansent la polka, la mazurka et le menuet. Tout de soie habillées, elles laissent tomber sur leurs épaules des cascades blondes ou brunes de fines chevelures. Il est aussi d'humbles prolétaires, des filles du peuple, paysannes d'Arles, de Quimperlé, de Concarneau, du pays d'Auge, du pays de Caux ou du Cotentin qui ne savent ni parler, ni chanter, ni valser, mais étalent de jolis bonnets, de fraîches collerettes et de gentils corsages. Pour les faire belles, il n'a fallu qu'un bout de ruban, un chiffon de moire, un brin de dentelle, plissés, froncés et festonnés. Les plus riches d'entre ces pauvres mesurent vingt centimètres et valent soixante-cinq centimes. Les moins cossues sont grandes comme trois doigts et coûtent quinze centimes. Que voulez-vous ? Quand on coûte trois et même treize sous, on ne peut se donner des atours de marquise, mais on ne manque pas pour cela de goût. On porte crânement un canotier sur l'oreille, on arbore une plume à son toquet. La robe est toute simple, toute unie, mais elle ne va pas mal du tout. Et puis on a des yeux qui savent sourire, des dents qui ressemblent à des perles à travers des lèvres roses. On a vingt ans comme les autres.

Pas plus que les princesses, les gentilles ouvrières et les accortes paysannes ne sauraient coucher en plein air, à la belle étoile. Il faut des maisons. Elles en auront à leur taille et elles les meubleront. Pour quelques sous, le jour de leur entrée en ménage, elles feront emplette d'un fourneau et d'une batterie de cuisine, d'une table, de chaises, voire même parfois d'une armoire à glace. Elles n'auront point de salon de réception, ni de boudoir avec des tapisseries et de tentures, des fauteuils et des canapés, des lustres et des candélabres. Mais l'imagination enfantine, cette fée des fées, la plus magnifique, la plus puissante des déesses surnaturelles n'est-elle point là pour embellir à sa guise le plus nu des intérieurs ? Riches d'invention, de fantaisie, d'art et de poésie, les yeux charmés de la plus pauvre fillette verront un palais là où les nôtres n'aperçoivent qu'une chaumière.

Vers minuit, après avoir six mois durant, nuit et jour travaillé dans leurs inaccessibles demeures, les fées, les magiciens et les enchanteurs visitent chaque année la terre. Les uns parcourant ter villes, les autres les campagnes. Ceux-ci portés en carrosse comme des monarques traînent à leur suite sur d'énormes chariots des montagnes de jouets inédits. Ceux-là, une hotte au dos, un panier au bras, s'en vont de porte en porte par les routes, les ruelles et les carrefours. D'aucuns revêtent le traditionnel costume du bonhomme Noël. Sur leur chemin ils cueillent des branches, ils en font des arbres minuscules. Ils les plantent devant l'âtre et le matin, à l'heure où ils s'éveillent, les petits enfants, jusque dans les foyers les moins fortunés cueilleront en pleurant de joie, quelqu'un de ces fruits étranges qui sont des trompettes, des bébés, des clowns, des pierrots et des polichinelles.

Au temps jadis, les fées, magiciens et enchanteurs dans leurs tournées oubliaient ces logis hospitaliers de l'enfance qui sont les écoles. Aujourd'hui ils en ont appris la route. Leurs plus hauts, leurs plus beaux sapins, ils les réservent pour ces cités enfantines où se presse rieur, bruyant et bavard, tout le jeune peuple de France. Ils les décorent, les pavoisent, les illuminent. Leurs hottes semblent inépuisables. Il en sort de tout, de tout ce dont on rêve à six ans, à dix ans, et même un peu plus tard, des riens, si l'on veut, mais de ces riens qui sont une journée, une semaine de bonheur sans mélange. Et à la même heure, avec leurs lanternes, leurs girandoles, leurs rubans, leurs festons, leurs pendeloques qui rayonnent comme des soleils, tous ces arbres forment comme une forêt à nulle autre pareille, comme n'en virent jamais les héros et les héroïnes des contes de Perrault, une forêt où au gré des désirs de chacun, pousse, fleurit et fructifie, sous les yeux mêmes des visiteurs qui y promènent leurs pas, la plus invraisemblable, mais la plus charmante des végétations.

Grandissez, sapins de Noël. Soyez toujours plus hauts, toujours plus larges, toujours plus beaux. Étendez en tous sens plus lourde et plus riche votre épaisse frondaison de minces aiguilles. Montez jusqu'au ciel. Unissez-vous, mêlez vos branches, confondez vos troncs. De tous vos fûts élancés, de tous vos rameaux épars, ne faites plus qu'un seul et même arbre, l'arbre unique, l'arbre immense autour duquel mèneront joyeusement leurs rondes tous les garçonnets, toutes les fillettes de ce vieux sol où plongent vos robustes racines séculaires. Ayez, des présents pour tous. Qu'autour de vous, à l'ombre de votre vert feuillage s'assemblent les enfants, qu'autour de vous dans le même cercle familial s'assemblent aussi les parents. Sous les parvis de l’École que tous, ne serait-ce qu'une minute, aient au cœur la même joie fraternelle sans haine, sans rancune et sans envie. Regardez bien. Cachée au plus profond de la ramure, la divine aïeule la France n'est-elle pas là ? À tous du même sourire d'espérance, de tendresse et d'amour, elle sourit.

 

L. DERIES

mardi 14 décembre 2021

La pierre humide à reproduire ancêtre du duplicateur à alcool


En matière d’enseignement, le mode simultané, nécessitant de s’adresser au groupe, exige souvent une duplication des documents proposés aux élèves. Cette aspect, aujourd'hui, est  résolu par la performance des moyens de reproduction mis à la disposition des écoles. Hier, il l’était par les machines à reproduire des textes dactylographiés au moyen de stencils placés sur une ronéo. La duplication pouvait aussi recourir à un duplicateur à alcool permettant un transfert de l’encre via une solution à base d’alcool. Beaucoup ont connu ces pratiques. Préalablement, il existait un moyen de reproduction appelé « La pierre humide ».

La PIERRE HUMIDE A REPRODUIRE, créée en 1913, est un procédé de reproduction par polycopie, c’est-à-dire un tirage sans encrage ni mécanisme, d’une centaine de copies à partir d’un original écrit avec des encres « Polyco » ou tapé avec un ruban hectographique.

« La pierre humide à reproduire » se présente sous la forme d'une pierre fine livrée souvent dans une boîte métallique avec couvercle. Elle permet de décalquer l'écriture.

L'une des marques les plus connues fut la marque "Au cygne". La Maison de l’histoire de l’école dans la Manche, MHEM, a la chance de disposer de deux exemplaires de cette pierre humide à reproduire. En 2011, après un appel lancé sur mon blog, de bien vouloir me contacter si le hasard faisait découvrir cet objet dans le fond d'un grenier d'école ou de mairie, deux réponses me sont parvenues. L’une de Benoît Decreuze, d’Ornans, me faisant parvenir un ancien modèle malheureusement inutilisable parce que la pierre est desséchée ; la seconde m'a été donnée par Charlette Baudoin-Burgard, d’Aix-en-Provence.  Cet exemplaire, plus récent, est en parfait état de conservation et de fonctionnement. Que l’un et l’autre de ces généreux donateurs en soient vivement remerciés. Ces deux objets vont naturellement trouver leur place dans notre conservatoire.  

Ils illustreront, à côté des duplicateurs à alcool, le grand succès qu’a pu rencontrer ce procédé car, aussitôt le tirage fini, la plaque est prête à recommencer immédiatement et cela plusieurs fois de suite.

Les témoignages de celles et ceux qui ont eu recourt à ce procédé seront les bienvenus.

Le terme renvoie à la technique de la lithographie inventée par Senefelder en 1798 : sur une pierre calcaire polie, le motif est reproduit. La pierre est ensuite lavée à l’eau, puis est encrée au moyen d’un rouleau et seules les parties grasses retiennent l’encre. La feuille de papier est alors posée sur la pierre encrée et fortement pressée.
Ce principe a ensuite  été décliné avec des techniques et des matériaux différents.  Ce procédé a été adapté à des besoins scolaires et un moyen de reproduction intitulé « Pierre humide à reproduire » a été commercialisé. L’encre utilisée alors est une encre polycopiste extra-fluide « Au Cygne », de couleurs différentes. 
La Fédération Internationale des Mouvements d'Ecole Moderne (Pédagogie Freinet), a consacré deux numéros évoquant la technique de la pierre humide :

- L'éducateur prolétarien, n°1, octobre 1932 ; y est mentionné le prix d’une "Pierre humide à reproduire" et de la gamme de l’encre « Au Cygne » (noir, carmin, vermillon, vert, bleu, jaune, bistre).
 -  La Brochure d'éducation nouvelle populaire, n° 45, avril-mai 1949consacrée aux techniques d’illustration, évoque rapidement le procédé de la pierre humide.

Les encres « Au Cygne » ont pu être commercialisées par la marque allemande Schwan-Bleistift-Fabrik qui avait pris pour emblème un cygne (en allemand Schwan = cygne).


Yves Marion
27 janvier 2019. Mise à jour 14 décembre 2021
Pierre humide 1


Pierre humide 3
Pierre humide MHEM. Coll. YM
Pierre humide 2
Pierre humide MHEM. Coll. YM

Pierre humide 4

Pierre humide 5







Recherche guide-chant

Pour compléter les collections de la Maison de l'histoire de l'école dans la Manche (MHEM), recherchons sous forme d'un don un guide-chant ancien, à main ou électrique.

Le guide-chant scolaire est un petit harmonium utilisé en cours de chant ou de musique. 




Contacter la MHEM à l'adresse suivante : mhem.president@gmail.com ou mhem.secretaire@gmail.com ou mhem.carentan@gmail.com


Conte de Noël par Jean Sébille, 1896

 Extrait du recueil de contes de Noël de Christophe Canivet


CONTE DE NOËL [1]

I

Jean et Madeleine ont couché André, leur p'tiot, comme ils l'appellent amoureusement, tout leur trésor, un adorable chérubin, blond comme les blés, avec de grands cheveux bouclés et de grands yeux qui rient toujours; leur p'tiot qui d'une risette leur fait oublier toutes les âpretés de la vie, toutes leurs misères, tous leurs soucis. C'est qu'il est bien gentil le cher ange que Dieu leur a envoyé pour bénir leur union et pour qui ils se feraient couper en morceaux plutôt que de lui voir le moindre bobo. Bordé dans son petit lit, sous la couverture de laine aussi blanche que la neige qui tapisse la route, le p'tiot clignote des paupières mais persiste obstinément à ne pas vouloir fermer complètement les yeux. C'est qu'il voudrait voir Petit Noël : « Ti Noué » comme il prononce en son enchanteur gazouillis de bébé de trois ans.

    Fais dodo, mon ange, lui dit Madeleine de sa voix caressante et douce, et en même temps elle enveloppe son enfant d'un de ces regards maternels qu'ont chanté les poètes.

    Man, répond André en son jargon enfantin, Andé fait dodo pour Ti Noué vint chinée.

    Oui, mon soleil, il faut faire dodo, car sans cela le Petit Noël ne viendrait pas. Tu sais, il n'aime pas les enfants qui ne dorment pas la nuit.

En sa petite cervelle à peine développée, assez pour qu'il puisse former une phrase, la réflexion semble se faire. André sort de son lit ses deux mignons bras pleins de fossettes et les tend vers sa mère avec un simulacre de baiser sur les lèvres. Madeleine, les yeux brillants, délirante de joie, se penche sur le petit lit et embrasse son fils avec transport, puis c'est le tour de Jean, qui, comme homme veut avoir l'air plus sérieux, mais cependant ne peut retenir une larme de joie devant la gentillesse de son enfant chéri. Et brusquement, comme s'il n'attendait que ces baisers de ses parents pour obéir aux exhortations de sa maman, le p'tiot tourne la tête sur l'oreiller, ferme les yeux et s'endort, calme, un sourire creusant dans ses joues rondelettes deux adorables petites fossettes. Alors Madeleine, avec des précautions infinies pour ne pas le réveiller, remonte la couverture jusqu'à son menton et le reborde tout doucement, puisse relevant, elle regarde Jean et lui dit :

    Comme il est beau, notre chérubin du Bon Dieu.

    Oh oui, il est beau ; c'est tout ton portrait, ma Madeleine bien-aimée. Ils contemplent encore leur petit Jésus, puis, sur la pointe des pieds, ils s'éloignent du berceau et se dirigent vers la cheminée devant laquelle les deux petits souliers de l'enfant bâillent, tout grands ouverts, délacés complètement pour faciliter les libéralités du Petit Noël.

II 

Jean et Madeleine ne sont pas riches, loin de là, cette année même, ils ont eu fort à souffrir des intempéries des saisons qui ont fait perdre une partie des récoltes et par suite, à Jean, bien des journées de travail. Aussi la vie a-t-elle été dure et a-t-il fallu bien souvent se priver pour arriver à joindre les deux bouts. Cependant Jean et Madeleine n'ont jamais maugréé contre le Créateur qui parfois fait retomber sur les pauvres innocents le poids de ses justes colères contre la race humaine. Ils ont pensé que si le Maître Souverain de toutes choses les a obligés à se priver, c'est que telle était sa volonté, et chaque fois, à la suite de ces pensées, ils ont porté leurs regards sur leur p'tiot André, chaque fois ils l'ont embrassé et ont reçu de lui ses câlines caresses, et cela a suffi pour leur redonner de la joie, de l'espoir et du courage.

Toutefois, aujourd'hui, bien qu'ils aient eu les caresses ordinaires de leur blond chérubin, une vague tristesse reste empreinte sur leur physionomie. C'est que malgré toutes les économies qu'ils ont pu faire, ils ont à peine pu amasser de quoi mettre quelques joujoux insignifiants et quelques bonbons dans les souliers, qui, bien que petits, seront à peine pleins. II est vrai que M. le Curé, qui s'intéresse à eux et aime beaucoup leur petit André, les a prévenus qu'il viendrait ce soir même, après la messe de minuit, faire une visite aux souliers du p'tiot de la part de M. Noël. Cette généreuse pensée du vieux prêtre qui connaît leur détresse, les touche profondément mais ne parvient pas à supprimer complètement cette mélancolie qui attriste leur visage. Certainement c'est une bonne action que va commettre là le vieux curé de campagne, mais les parents s'accusent d'avoir mal calculé. Devraient-ils être obligés d'accepter l'aide d'un étranger pour faire déborder les petits souliers de leur André. Jean se reproche le tabac qu'il a fumé dans l'année. Et cependant Dieu sait s'il a souffert le martyre pour essayer de renoncer à sa bonne pipe culottée. Quinze jours il l'a mise au rancart, mais ça été plus fort que lui, le seizième jour il a dû la reprendre. Et Madeleine pour le consoler lui dit :

    C'est que Dieu l'a voulu ainsi.

III 

Les deux époux se sont assis devant l'âtre dans lequel une bûche finit de se consumer en jetant par moments une flambée rougeâtre en une gerbe d'étincelles qui sautent dans le foyer eu crépitant. Pour éviter de réveiller André, Jean a soufflé la chandelle, et la salle se trouve seulement éclairée par la lueur incandescente de la braise. Tous deux attendent le bon vieux curé avant de rien mettre dans les souliers, car ils tiennent à ce que leur p'tiol trouve d'abord les quelques joujoux qu'ils ont pu acheter eux-mêmes.

Ils restent silencieux. Seuls, leurs regards se portent sur le berceau de l'enfant et se rencontrent parfois, et alors un sourire d'amour et d'orgueil apparaît sur leurs lèvres. La demie de minuit vient de sonner. Au dehors, sur la route, on entend les fidèles qui reviennent de la messe de minuit et qui font craquer la neige sous leurs pas lourds. Par moments, le vent souffle avec force, faisant entendre des sifflements sinistres, et les tourbillons de neige viennent frapper contre les volets et contre la porte en un cliquetis léger. Les derniers pas ont résonné devant la porte, puis un long silence s'est fait. M. le curé n'est pas encore venu.

Le coucou, dans la chambre des époux, sonne une heure ; un pas léger s'arrête à la porte, le loquet tourne doucement et le vieux curé apparaît portant un paquet sous son bras, Bien qu'il ait son parapluie, son chapeau et sa soutane sont couverts de neige,et avec ses grands cheveux blancs, il ressemble à un de ces bonshommes Noël que l'on voit chez les épiciers et marchands de bonbons parisiens.

    Bonjour, Monsieur le curé, disent tout bas les deux époux. Un bien vilain temps, ajoute Jean pour dire quelque chose.

Et tout bas aussi, pour ne pas réveiller l'enfant, le curé répond :

    Bonjour Jean, bonjour Madeleine, j'apporte le cadeau que le Petit Noël m'a remis pour votre André.

Le vieux curé développe le paquet et un énorme polichinelle tout habillé de soie et garni de grelots apparaît aux yeux émerveillés de Jean et de Madeleine. Mais le prêtre a compté sans les grelots qui, lorsque le polichinelle est développé, tintinnabulent joyeusement jusqu'à ce que le jouet ait pris place dans les souliers auxquels il est destiné. Le bruit a réveillé André, qui, en apercevant le prêtre tout blanc de neige se lève sur son lit et s'écrie joyeusement en tapant ses deux menottes l'une dans l'autre :

    Oh Ti Noué ! Ti Noué ! Joujou à misique.

Tandis que le bon vieux curé s'enfuit pour ne pas être reconnu du bébé, il faut bon gré mal gré donner au petit exigeant qui le réclame avec des cris perçants, le joujoux merveilleux, objet de sa convoitise. Et quand il se rendort, il tient encore pressé dans ses petits bras le joli pantin tintinnabulant, car, malgré les tendres exhortations de sa maman, Bébé n'a pas voulu consentir a se séparer de « Ti Noué. »

 

***



[1]Nouvelle d'Henri Sébille, publiée dans l'Indicateur de Bayeux du 24/12/1896

lundi 13 décembre 2021

Service public

 

L'expression "service public" est utilisée par Victor Cousin dans le rapport qu'il remet en 1831 à Montalivet, prédécesseur de Guizot. 

https://yvesmarion.over-blog.com/2021/12/service-public.html


Victor Grignard, né à Cherbourg en 1871. Une rue et un lycée portent son nom.

Un lycée à Cherbourg porte le nom de Victor Grignard, un chimiste né à Cherbourg en 1871, prix Nobel de chimie en 1912. 



Portail d'entrée du lycée Victor Grignard à Cherbourg

À sa mort, il n’existe en France aucun chimiste dont les titres scientifiques et honorifiques soient aussi nombreux et aussi variés que ceux de Victor Grignard, docteur ès sciences à 30 ans et prix Nobel de Chimie 1912 pour la découverte d’un réactif ayant permis de grandes avancées dans le domaine de la chimie organique.

Né à Cherbourg (Manche) le 6 mai 1871, fils d’un ouvrier de cette ville qui termina sa carrière comme chef d’atelier à l’arsenal, il fut boursier au lycée de cette ville. Ses professeurs, ayant reconnu ses aptitudes exceptionnelles, voulurent le pousser aux grandes études. Mais ses ambitions étaient humbles. Il postula l’Ecole Normale de l’enseignement spécial qui existait alors à Cluny, et y entra par concours à l’Ecole en 1889. Lors de la suppression de cette institution en 1891, Grignard, ne sachant où s’orienter et ayant le goût de la chimie, vint à Lyon comme étudiant à la Faculté des sciences où il acquit le grade de licencié ès sciences mathématiques et celui de licencié ès sciences physiques.

Le 22 août 1910, il épousa, à Saint-Vaast-la-Hougue, Augustine Marie Boulant dont il eut un fils et une fille. Il décéda à Lyon le 13  décembre 1935.

Lire la suite


Lycée Victor Grignard, rue Guillaume Fouace à Cherbourg.

Timbre émis en 1971 à l'occasion du centenaire de la naisssance de Victor Grignard


Par décision du conseil municipal de Cherbourg du 8 mai 1936, le nom de Victor Grignard est donné à la rue des Carrières, où il a vécu au numéro 22, et au  lycée qu'il a fréquenté.

Un collège de Lyon (8e) et des rues de Saint-Étienne et Poitiers portent son nom. Un cratère de la lune porte son nom depuis 2009. 

En 1971, un timbre poste est édité à l'occasion du centenaire de sa naissance. Une manifestation « Premier jour » avec un timbre à date spécial est organisée à Cherbourg le 8 mai. 




Acte de naissance de François, Auguste, "Victor" Grignard. 
EC Cherbourg 1871. AD 50 en ligne, 3E 129/209, vue 82/206.



Sources :   (D’après « Victor Grignard : 6 mai 1871 - 13 décembre 1935 », paru en 1936)
Publié / Mis à jour le LUNDI 13 DÉCEMBRE 2021 PAR LA RÉDACTION DE LA FRANCE PITTORESQUE. 
            René Blémus, Le Collège Victor-Grignard : des origines à nos jours, 1980
             Yves Lecouturier, Célèbres de Normandie, OREP, 2007

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