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Pour cause de réaménagement, la MHEM à Carentan est provisoirement fermée au public. Nous vous prions de nous en excuser.


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lundi 15 avril 2024

Hommage rendu à Francine Best par la ville de Coutances, 6 avril 2024

Sur une idée de Monique jeanne, ancienne élève de l'école normale d'institutrices de la Manche (promotion 1966-1970) et adhérente de la Maison de l'histoire de l'école dans la Manche (MHEM), La municipalité de Coutances par la voix de Gaétane Pitois, aussi ancienne élève de cette même institution de formation des maîtres et ajointe au maire de Coutances, la municipalité a décidé de nommer l'ancienne cour d'honneur, "Esplanade Francine Best". 

Devant les élus, la famille, et un public nombreux, une plaque aposée au mur de l'ancienne école normale (créée en 1883-1884), fut dévoilée par les petits-enfants de Francine. Cérémonie à la fois sobre et émouvante qui a permis de retracer le parcours de cette grande dame de la pédagogie et de la réflexion éducative. Elle a accompagné la création de la MHEM lors d'une intervention qu'elle avait bien voulu nous accorder à l'auditorium des Archives départemetales de la Manche à Saint-Lô.



J'ai eu le privilège, l'honneur et la fierté de présenter ce parcours en tous points exemplaire d'une Caennaise de naissance aux origines paternelles manchoises revendiquées. Francine Best repose aujourd'hui dans le cimetière de Regnéville-sur-Mer. 

Ci-dessous ce disours. 

Mesdames, Messieurs,

chers amis

 

Il est difficile d’exprimer l’émotion que je ressens en cet instant, alors que je suis devant vous pour vous parler d’une grande dame.

En effet, c’est un immense honneur qui m’a été fait lorsqu’on m’a demandé d’évoquer le parcours de Francine Best.

Ma première réaction fut alors de m’interroger. De quelle légitimité pouvais-je me prévaloir pour accepter cette proposition?

Des scrupules qui furent vite estompés en me rappelant non sans émotion les occasions finalement assez nombreuses qui m’ont été offertes de rencontrer Francine. Le président fondateur de la Maison de l’histoire de l’école dans la Manche que je suis, ne saurait oublier le soutien que lui doit la création de ce conservatoire du patrimoine scolaire situé à Carentan-les-marais. Pas davantage oubliée, la discussion approfondie à son domicile de Regnéville, en 2017 autour de la biographie que je préparais de Madeleine Deries, cette jeune Saint-Loise, première femme en France, à soutenir avec succès une thèse d’histoire en Sorbonne. Discussions, aussi passionnées que vous pouvez l’imaginer, autour de l’émergence des revendications féministes de ces jeunes intellectuelles du début du XXe siècle.

C’est donc avec fierté que je vais essayer de retracer le parcours de cette grande dame qu’on honore aujourd’hui. Ce sera évidemment à grands traits. Vous voudrez bien m’en excuser tant les domaines dans lesquels Francine Best s’est investie et ses engagements sont nombreux et divers. D’autres l’ont fait bien mieux que moi, que ce soit Danièle Zay, responsable de recherche à l’INRP ou plus récemment notre ami et regretté Jean Gugliemi dans un article publié par Michelle, son épouse, dans Oser savoir sous l’égide de la Société académique des sciences, arts et belles lettres de Caen.

Mais revenons à Coutances si vous le voulez bien et à cette sympathique manifestation d’aujourd’hui. Francine Best prend la direction de l’école normale d’institutrices de la Manche en 1962. Elle venait d’Algérie. 1962, l’Algérie… voyez  l’association en cette année cruciale et le raccourci interprétatif qui n’a pas manqué d’être fait. Je l’ai encore entendu exprimé très récemment, y compris avec le contexte ambiant de l’époque !

En fait, il n’en est rien. Francine Jeanne Odette Postaire est née à Caen le 22 octobre 1931, déclarée par son grand-père maternel, lui-même instituteur. Ses parents étaient également instituteurs. Ils étaient en poste dans une petite école de la campagne aux alentours de Falaise. Son père, René Postaire, formé à l’école normale d’instituteurs de la Manche, était originaire d’Equeurdreville, près de Cherbourg où il était né en 1907. Sa mère, Jeanne Deberne, née à Rouvres, dans le département du Calvados, était aussi institutrice.

Francine par sa branche paternelle était Manchoise. De cœur elle l’est restée.

C’est donc à Caen que Francine effectua ses études secondaires. D’abord au collège secondaire de jeunes filles de la rue Pasteur, celui où exercèrent plus tard, dans les années 1950, Michèle Perrot et Mona Ozouf. Après le baccalauréat elle fréquenta le lycée Malherbe pour suivre les classes préparatoires, hypokhâgne et khâgne. Elle avait pour projet une admission à l’École normale supérieure de Fontenay. Elle se retrouva nommée à Strasbourg puis à l’école normale d’institutrices de Caen de 1957 à 1958 comme maître auxiliaire chargée de l’enseignement de philosophie où elle obtint sa titularisation comme certifiée de philosophie

Sa réussite à l’agrégation de philosophie en 1959 allait alors se révéler déterminante.

L’administration lui intima l’ordre de rejoindre l’Algérie sinon de perdre définitivement le bénéfice de l’agrégation.

Francine Postaire se retrouva donc à enseigner la philosophie aux jeunes filles du lycée Gsell à Oran en 1960. Pour se rapprocher de son fiancé, militaire dans la marine nationale, basé à Alger, elle demanda et obtint sa mutation pour un de professeur à l’école normale d’institutrices El Biar, à Alger. Déjà, ses engagements assumés dans la vie publique lui valurent quelques déconvenues et tracas.

Au cours de l’année 1961-1962, elle fut admise à l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses en formation d’inspectrice et de directrice d’école normale et, administrativement, à l’école normale d’institutrices de Rouen pour dispenser des cours de philosophie.

C’est à la rentrée scolaire 1962 que Francine Postaire, devenue Madame Best par son mariage avec Robert Best, contracté à Paris le 5 juillet 1962, c’est donc à la rentrée 1962 que Francine Best prend la direction de l’école normale d’institutrices de la Manche, à Coutances.

Voilà pour la première étape d’un parcours professionnel qui ne faisait que commencer.

Encore un mot cependant, pour dire l’impact que suscita cette nomination. Je le tiens de témoignages concordants. Francine Best succédait à une directrice qu’on peut qualifier de traditionnelle. Je ne crois pas nécessaire de vous en faire une description. Vous me comprenez.

D’emblée, la nouvelle directrice prend le contre-pied. Mesdemoiselles, leur disait-elle, vous êtes responsables de vous-même. Mais aussi de l’image que vous donnez de vous-mêmes dans vos actes et vos comportements, de l’image de l’institution que vous représentez. Souvenez-vous-en lorsque, en toute liberté, vous sortez en ville : vous serez épiées, vous serez jugées et à travers vous, c’est l’établissement et l’institution toute entière qui le sera. Eh bien, croyez-moi si vous voulez, j’en ai connu plus d’une de mes camarades d’alors qui se sont trouvées totalement désarçonnées par ce discours d’une tonalité toute nouvelle qui tranchait avec l’éducation rigoureuse et dirigiste en vogue à cette époque.

Vous reconnaissez-là l’un des traits caractéristiques qui ont été au cœur même de l’action éducative de Francine.

De cette période Coutançaise et manchoise je retiendrai encore deux faits particuliers. Le premier, sur lequel je n’insisterai pas outre mesure (j’y étais témoin) ce fut son action lors d’événements de mai 1968, défilant dans les rues de Coutances en tête du cortège avec les élèves normaliennes.

Le second moins connu mais qu’elle a raconté lors du 50e congrès de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie à Saint-Lô en 2015. Elle fut la première en France à mettre sur pied un stage de formation qu’on n’appelait pas encore « continue » des institutrices au cours de l’année 1967-1968. C’était une première et c’était dans la Manche et à l’école normale de Coutances, par échange entre titulaires et normaliennes de quatrième année. L’interrogeant pour en comprendre la faisabilité administrative, elle me confirma que de janvier 1967 à octobre de la même année, elle assura les fonctions d’inspecteur d’académie de la Manche lui permettant ainsi de prendre des dispositions administratives indispensables et de lancer les convocations. Elle assura l’intérim à la tête du département entre le départ à la retraite d’Henri Dégremont et l’arrivée de son successeur, Raymond Lunel. Lequel, me confia-t-elle, n’avait guère apprécié l’initiative.

Une initiative qui pourtant n’allait pas tarder à se généraliser et à s’officialiser témoignant de son engagement et de son implication dans les processus de formation et de recherche pédagogique à l’INRP aux côtés d’André de Peretti et de Louis Legrand.

C’était Francine. Elle me confia que dans notre institution, il faut toujours savoir saisir les opportunités quand elles s’offrent à vous, voire parfois, savoir les provoquer ou les anticiper.

°°°°

Parvenu à ce point, je voudrais vous rassurer : je ne vais pas pouvoir continuer sur ce registre sinon nous pourrions y consacrer tout l’après-midi, un colloque, que sais-je, un congrès voire davantage pour exposer une pensée aussi riche que féconde que fut celle de Francine. Ce n’est pas l’objectif, d’autant que je crois savoir que l’INSPE de Caen-Normandie, succédant aux écoles normales et aux IUFM, va proposer dans l’année qui vient l’organisation de tables rondes et des journées études consacrées aux apports de la pensée éducative de Francine Best.

Mais, parce que nous sommes réunis à Coutances, sur le lieu de son premier poste de directrice, que je m’y suis attardé un peu plus longuement. Par la suite, c’est à l’école normale d’institutrices de Caen qu’elle poursuivit sa carrière pour exercer la fonction d’Inspecteur pédagogique régional, IPR-IA, de 1974 à 1982, avant d’être appelée par Louis Legrand à prendre la direction de l’institut national de recherche pédagogique (INRP) de 1982 à 1988. Puis de rejoindre, en 1990, les corps d’inspection comme inspectrice générale de l’éducation nationale.

Une carrière exemplaire, comme vous pouvez le constater, ponctuée de distinctions hautement méritées. Permettez-moi de les citer dans l’ordre inverse de l’ordre protocolaire. Francine Best fut chevalier de l’ordre des Palmes académiques, grand officier de l’ordre national du Mérite et commandeur de la Légion d’honneur. Trois ordres nationaux ici représentés que je salue, soulignant l’importance reconnue des engagements de Francine.

Des engagements, en effet, elle n’a cessé d’en avoir. Ce ne sont pas les anciens élèves des écoles normales de la Manche qui me contrediront quand Francine Best ne manquait que rarement la réunion annuelle de leur amicale venant, souvenez-vous Mme Roumy, avec l’un de ses petits cahiers sur lesquels elle avait consigné l’essentiel de la question qu’elle souhaitait aborder.

La philosophie, disait-elle en substance, devait servir à comprendre la complexité des questions liées à l’éducation. Très tôt, en effet, elle se rapprocha des sciences de l’éducation que venait de créer Gaston Mialaret à l’université de Caen.  De leur réflexion mutuelle, jointe à celle de Jean Château et de Maurice Debesse, découla un rapprochement fructueux entre la recherche et la pratique. Pour elle, l’une n’allait pas sans l’autre. Elles sont absolument complémentaires.

C’est ainsi qu’elle a pu conclure sa vie professionnelle par la promotion de l’éducation aux droits de l’homme au sein de l’Unesco, mandaté par l’INRP. « Je suis philosophe, disait-elle, et agrégée de philosophie pour former des maîtres ». Pour elle, la réflexion philosophique fait corps avec l’humanité d’où son engagement auprès de la Ligue des droits de l’homme.

Des engagements et des implications qu’elle exerça, appliquant ces mêmes principes, auprès des mouvements d’éducation populaire. Elle s’impliqua aux côtés de Robert Delaunay dans la Fédération des œuvres laïques de la Manche, notamment en mobilisant l’activité des normaliennes lors des fêtes des écoles laïques. C’est aussi à Oran, dit-on, qu’elle aurait découvert les centres d’entraînement aux méthodes actives, les CEMEA, dont elle va devenir la présidente d’honneur. Ce n’est pas sa représentante qui me dira le contraire. Probablement, par résurgence d’une éducation familiale ouverte, Francine a été très tôt acquise aux principes des pédagogies actives et nouvelles centrées sur l’apprenant. C’est ainsi qu’elle définissait ses implications dans la communication déjà citée qu’elle avait bien voulu faire lors du 50e congrès de la FSHAN à Saint-Lô en 2015, sur le thème « Eduquer et instruire en Normandie ». Comparant, sans les opposer, l’action du GFEN et celui du mouvement Freinet, elle ne cachait pas sa préférence pour ce dernier.  Elle avait personnellement rencontré Célestin et Elise Freinet et militait au sein des Amis de Freinet dont je salue le représentant ici présent. Elle était une ardente défenseuse cette pédagogie active qu’elle justifiait d’arguments philosophiques d’une clarté et d’une pertinence incontestables. Elle avait d’ailleurs présidé le comité d’organisation du centenaire de Célestin Freinet.  

D’ailleurs, c’est en s’appuyant sur ces principes que, lors de ses mandats électifs à Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados, comme conseillère municipale et comme adjoint au maire, François Geindre, elle s’investit dans les années 1980, aux côtés de la municipalité de Saint-Fons près de Lyon, dans la mise en œuvre de ce qu’on a appelé « l’école ouverte » sur la cité. Avec notamment, la création de l’école Freinet et le CLE, collège- lycée expérimental, qui fonctionnent toujours aujourd’hui. On retrouvera ces principes dans un remarquable ouvrage : Naissance d’une autre école dont on devrait pouvoir encore aujourd’hui très largement s’inspirer.

Malgré tout, je passerai sous silence, parce que ce serait trop long et ennuyeux, ses nombreuses publications sans omettre tout de même de citer l’une d’entre elles, conduite avec son jeune comparse, Yves Madouas, qui, à mes yeux, demeure l’une des plus intéressantes du point de la réflexion sur la pédagogie de l’éveil.

Nous pourrions évoquer encore longuement ses nombreux engagements : Terre d’asile, l’Observatoire des zones d’éducation prioritaires (OZP), les Amis de Jean Zay, sans oublier le GREF, le groupement des éducateurs sans frontières… J’en oublie nécessairement et vous m’en voyez désolé.

 

°°°°

En conclusion, je dirais que faire l’éloge de cette grande dame qui figure au Panthéon de nos grands pédagogues est pour moi une grande fierté.

Un grand merci à Monique Jeanne d’en avoir eu l’initiative, un grand merci également à la municipalité de Coutances et à Gaétane Pitois d’avoir saisi cette occasion pour rendre hommage à une figure qui a marqué des générations d’enseignants notamment par son passage à Coutances. En outre, fidèle à sa branche paternelle manchoise, c’est proche de Coutances, à Regnéville-sur-Mer qu’elle venait se ressourcer et où elle repose aujourd’hui.

Francine Best a su allier avec intelligence et humilité, ses combats intellectuels et ses engagements de terrain en faveur des droits de l’Homme, de l’éducation populaire et de l’Éducation nouvelle. Elle a toujours défendu une pédagogie de l’éveil concrétisée par un projet d’activité centré sur l’individu apprenant dans tous les champs de l’éducation.

Coutances peut s’enorgueillir d’honorer aujourd’hui une grande dame qui par sa vie professionnelle, ses engagements et ses implications, a bien servi la cause de l’éducation libératrice, créatrice de l’idée même d’humanité.

Merci à vous tous.

Coutances, le 6 avril 2024

Yves Marion, fondateur de la MHEM

 



Coutances, 6 avril 2024. © Yves Marion

lundi 8 avril 2024

MHEM : nouvelle vitrine consacrée à l'enseignement de la musique et du chant à l'école

Depuis le mercredi 27 mars dernier une nouvelle vitrine a remplacé la précédente centrée sur l'enseignement des mesures. 

Cette dernière est consacrée à l'enseignement de la musique et du chant à l'école. Vous qui passez rue du Château à Carentan-les-Marais, arrêtez-vous, faites une pause, pour retrouver cahiers, partitions, instrument, métronome et autres documents relatifs au chant et à la musique à l'école. 





© Yves Marion, 27 mars 2024

mercredi 13 mars 2024

"La maîtresse d'école" par Massin, 2012

En partage le plasir de la découverte d'un bel ouvrage qui m'a été confié : de Massin "La maîtresse d'école", trente années de la carrière d'une institutrice, publié en 2012 par La librairie des Ecoles.  L'auteur est le fils de l'institutrice, Palmyre Massin,  et a été son élève. 

Comme le signale l'historien et académicien, Pierre Nora qui en est le préfacier, c'est un hommage et en même temps un document au vu de l'ensemble de la riche documentation qui l'illustre provenant pour l'essentiel des archives familiales sauvegardées et précieusement conservées. 

Un ouvrage à recommander.



La maîtresse, d'école, La librairie des écoles, 144 pages, 29,90 €

lundi 11 mars 2024

11 mars 1811 : naissance de l’astronome saint-lois Joseph Le Verrier

Naissance à Saint-Lô, en Normandie, de Urbain Jean Joseph Le Verrier, brillant astronome qui sera à l’origine de la découverte de la planète Neptune, améliorera les tables d’astronomie sur la planète Mercure, étudiera les perturbations dans les mouvements des comètes.

En étudiant la planète Uranus, il déduira la présence d’une autre planète jamais décrite auparavant : celle-ci sera découverte par l’astronome allemand Johann Galle à l’endroit calculé par Le Verrier. Il s’agit de Neptune. En 1854, Le Verrier deviendra directeur de l’Observatoire de Paris. Il décèdera le 23 septembre 1877.

dimanche 10 mars 2024

Programme culturel du Munaé. Présentation de l'ouvrage "Des écoles pour les enfants du peuple", 3 avril 2024 à Rouen


Mme Brard, directrice du Musée national de l’éducation  nous transmet la version numérique de la programmation culturelle du Munaé.

L’évènement que nous coorganisons se trouve page 14, dans la rubrique « Conférences, rencontres, colloques ».

Cordialement,

 Programme culturel MUNAE 





lundi 4 mars 2024

Adhérer à la MHEM

Vous aimez l'école et son histoire, vous avez à coeur de sauvegarder le patrimoine scolaire, vous portez de l'intérêt à la mémoire de l'école, 

la MHEM a besoin de votre soutien.


 Pour adhérer ou renouveler votre adhésion, c'est ICI




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Millénaire de la ville de Caen


Veuillez trouver ci-joint un appel  à projets envoyé par Christophe Maneuvrier
Directeur adjoint de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines, UAR 3486 (CNRS/Université de Caen Normandie); Enseignant-chercheur en Histoire médiévale, UMR 6273 (CNRS/Université de Caen Normandie)
concernant le millénaire de la ville de Caen en 2025.










 
Veuillez trouver ci-joint un appel  à projets envoyé par Christophe Maneuvrier
Directeur adjoint de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines, UAR 3486 (CNRS/Université de Caen Normandie); Enseignant-chercheur en Histoire médiévale, UMR 6273 (CNRS/Université de Caen Normandie)
concernant le millénaire de la ville de Caen en 2025.


dimanche 25 février 2024

Adolescences romanesques. La génération des Six Compagnons, 1960-1980 (Caen). Appel à communications



 APPEL À COMMUNICATIONS

Adolescences romanesques La génération des Six Compagnons (1960-1980)

Colloque INSPE-Normandie Caen, les 20-21 novembre 2024

Organisation :

Christiane Connan-Pintado, Stéphanie Lemarchand, Anne Schneider 


Note d'orientation 


À mi-chemin de la guerre et du nouveau millénaire, dans le contexte politique, social et économique favorable des « Trente Glorieuses », l’édition pour la jeunesse connaît en France un essor remarquable (Piquard, 2004). Tel est l’empan temporel que nous proposons de cerner afin d’observer les romans publiés en France pour et sur l’adolescence au cours des années 1960-1980. L’expansion de cette littérature a été amorcée au cours de la décennie précédente : l’importation de séries américaines et britanniques à succès et le développement des différentes collections de G. P. (pour Général Publicité, maison d’édition pour la jeunesse essentielle des années 1940-1980) et de Hachette ont modifié sensiblement le paysage éditorial, les éditeurs invitant leurs auteurs à proposer des fictions de leur cru.

Sans doute Les Six Compagnons de Paul-Jacques Bonzon représentent-ils le paradigme de cette tendance, avec 38 volumes parus de 1961 à 1978 – auxquels a été consacré un ouvrage récent (Quet et Mercier-Faivre, 2022). Toutefois, les auteurs et autrices publiant pendant cette période ne se bornent pas aux aventures hexagonales et ouvrent largement l’horizon de leurs personnages : on pense, par exemple, aux romans « africains » de René Guillot, aux voyages maritimes des Cinq jeunes filles de Georges Gustave-Toudouze, aux îles plus ou moins exotiques où évoluent les jeunes héroïnes de Saint-Marcoux, aux romans non sériels de Bonzon qui explorent différents pays et continents (Cahiers Robinson, n° 48, 2020). Quel que soit leur chronotope, ces romans ont en commun de s’attacher à des figures adolescentes propres à captiver le jeune lectorat pendant une période à laquelle l’histoire culturelle a accordé toute son attention, comme le montrent les travaux d’Anne-Marie Sohn (2003, 2001) et de Jean-François Sirinelli (2003, 2001). Nous nous centrons donc sur une période précise, sur le genre littéraire du roman pour la jeunesse et sur les représentations qu’il offre de l’adolescence à laquelle il s’adresse.

samedi 10 février 2024

Quelques Jalons pour une histoire de la MHEM

 


La Maison de l’histoire de l’école dans la Manche (MHEM) présente désormais un aspect conforme à l’idée qu’à l’origine on pouvait s’en faire. Celle d’un conservatoire du patrimoine scolaire et de la méoire de l’école dans la Manche adossée à une démarche muséale. Pour satisfaisante que la situation présente apparaisse, à laquelle une équipe passionnée et motivée est parvenue, elle résulte d’un long cheminement qui s’enracine bien avant son émergence publique. Pour répondre à une demande largement exprimée, il a précisément semblé important d’en relater la genèse.

En réalité, l’idée remonte aux années 2008-2010 lorsque, pour des projets de publication, nous entreprenions, dans les fonds conservés aux archives départementales de la Manche, des recherches personnelles sur l’histoire de l’école normale d’instituteurs de Saint-Lô et sur l’enseignement primaire supérieur dans la Manche. Une démarche bien accompagnée par Janjac Leroy dans l’exercice de ses fonctions d’archiviste. Rapidement, s’est faite ressentir une frustration dans le constat d’un patrimoine scolaire privé et local lacunaire voire totalement absent. Lequel ne relevait pas strictement du champ de compétences des archives officielles mais qui, avec le temps, tendait à se perdre : manuels scolaires, cahiers d’élèves, photographies, diplômes, travaux d’élèves, matériel scolaire et pédagogique, etc. Furent associés à la réflexion Gilles Désiré dit Gosset, alors directeur des archives départementales de la Manche, Pascale Navet, conservatrice de la médiathèque de Saint-Lô et une responsable du Conseil général. Tous confirmèrent que ce n’était pas de leur compétence mais, affirmant leur intérêt, encouragèrent vivement la poursuite de la démarche. Georges Bottin, alors président en exercice de la SAHM vint naturellement s’associer, apportant le soutien de l’ensemble de la Société d’archéologie et d’histoire de la Manche et de ses sections[1]. Dès lors, l’initiative prit de la consistance et put entrer dans une phase de concrétisation. Nous étions en 2013-2014.

Ouest-France du 8 juin 2017


n de Une base opérationnelle fut apportée par la section départementale de l’Association des membres de l’ordre des palmes académiques. Le président, Michel le Bohec, adhéra de suite et impliqua fortement l’AMOPA dans ce qui était devenu un projet en cours de réalisation.  Nous fîmes venir Francine Best pour bénéficier de son expérience et de ses conseils. Mona Ozouf, à distance, nous prodiguait les siens. L’Union départementale des délégués de l’éducation nationale (UDDEN Manche), et son président, Alain Loisel, rejoignit le groupe ce qui permit de se consacrer à la mise en œuvre concrète et à l’élaboration de statuts intégrant ce partenariat associatif auquel vint s’intégrer, un peu plus tard, les Arcades de l’histoire de Carentan et sa présidente, Brigitte Houel. 

Sans attendre, la communication portait ses fruits. La Maison de l’histoire de l’école dans la Manche (MHEM) commençait à être connue. Des donateurs étaient heureux d’apporter leurs trouvailles qu’en attendant, on devait stocker. En 2017, une assemblée générale fondatrice, réunie à Cherbourg, entérinait la création de la MHEM en adoptant les statuts. Un conseil d’administration fut élu et désigna Michelle Gendreau comme présidente. Carentanaise, elle œuvra pour que le siège soit fixé, avec l’accord et le soutien de la municipalité, à Carentan-les-Marais, une position géographique intéressante. Un local fut trouvé avec l’aide du maire. Situé au 12 rue du Château, inauguré le 18 mars 2018, il constitue une remarquable vitrine.

La Manche libre. Inauguration de la MHEM

L’année 2019 fut consacrée à la recherche d’une organisation et de modes de fonctionnement conformes à l’idée initiale d’un faire un outil de sauvegarde du patrimoine scolaire local et d’un conservatoire de l’histoire de l’école dans la Manche appuyés à une démarche muséale. C’est à ce moment que le pays fut impacté par une crise sanitaire sans précédent. Les règles de confinement très strictes, durant l’année 2020, ne permettaient plus d’ouverture au public. L’année suivante, en février, la présidente, avançant des raisons personnelles, présenta sa démission. Le conseil d’administration, prenant acte, désigna un nouveau président qui fut élu le 6 avril 2021. Malgré les mesures sanitaires de confinement tout au long de l’année, la nouvelle équipe se mit aussitôt à l’œuvre. De nouveaux statuts furent élaborés. Actualisés, ils devaient mieux répondre aux impératifs et aux besoins de notre époque. Le local fut entièrement réaménagé. Les inventaires des plus de 10 000 objets, livres, cahiers, photographies, … sont toujours en cours et mis en ligne sur le site de la MHEM. Un local annexe a été trouvé.  Bref, au début d’année 2022, alors que l’équipe se préparait à ouvrir au public cet espace dont l’aspect évoque une classe à l’ancienne, de nouvelles réglementations liées à la recrudescence de la pandémie obligent à nouveau à surseoir à cet événement attendu.

La Manche libre du 18 mai 2019 

Douze à quatorze années ont donc été nécessaires pour parvenir à ce point qui n’est encore qu’une étape dans le développement de la Maison de l’histoire de l’école dans la Manche. Certains aspects fonctionnels restent à améliorer pour pérenniser un outil dont Carentan-les-Marais, le département et la région normande peuvent s’enorgueillir. Il ne demande qu’à fonctionner et à grandir.

L’histoire continue : elle reste à écrire. 

Yves Marion







[1] Depuis, la nouvelle direction de la SAHM départementale ne se considérant pas obligée par les engagements de l’équipe précédente, a souhaité se retirer du partenariat. La MHEM, par ses statuts, reste ouverte à de nouveaux partenaires associatifs ou institutionnels qui voudraient rejoindre cette belle entreprise collective.  


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