CHRONIQUE DU MOIS
La Grippe. - Il suffit de lire la longue liste de nos 22 morts, presque tous victimes de la grippe entre le 1er et le 13 du mois, pour se rappeler combien douloureuses furent les deux premières semaines d’octobre. - Le temps sombre et pluvieux se mit à l’unisson de la tristesse des âmes. I1 semblait vraiment que les familles épargnées par la guerre devaient apporter, axant la victoire, leur tribut de larmes et de souffrances à la rançon du pays.
La vie scolaire était suspendue, les cloches sonnaient en deuil à longueur de jours, l’église presque vide le dimanche. Pour en donner une idée, disons que le jour du Rosaire, si bien fêté d'ordinaire à Percy, une quinzaine de petits garçons et a peine autant de petites filles assistèrent aux offices, que le nombre des communions, qui habituellement s’élève en cette fête à 250 ou 300, atteignit à peine soixante-dix. Nous. N’exagérons pas en disant que 8/10e des enfants et près des 2/3 des grandes personnes ont été malades.
La guerre, le pire fléaux, entraîne toujours avec elle un cortège de calamités. L’Empire avait vu ses armées» décimée par le typhus et le choléra : en 1870 a variole causa de nombreux décès parmi les soldats et la population. Jusqu’ici, grâce aux mesures sanitaires prises par tous les belligérants, les épidémies nous paraissaient définitivement écartées alors que la victoire nous souriait, que la guerre semblait toucher à son terme, un mal sournois et contagieux, la grippe, espagnole soi-disant, après avoir ravagé les pays ennemis s’introduisait chez nous et de proche en proche gagnait toute la France :
« Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés »
Il fut ainsi pour Percy, où les premiers cas de grippe furent observes dès la fin de septembre, et ou du 1er au 15 octobre atteignit son apogée. Peu de maisons n’eurent pas à compter de malades, beaucoup en virent plusieurs: quelques familles entières même en lurent frappées. Le bourg lut relativement plus éprouvé que la campagne, mais celle-ci paya largement son tribut, et, dans une seule famille, la mère et la fille se suivirent à peu de jours d intervalle dans la tombe. Peu à peu le mal diminua d’intensité, ne laissant après lui qu’une trop longue liste de victimes.
« Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés »
Il fut ainsi pour Percy, où les premiers cas de grippe furent observes dès la fin de septembre, et ou du 1er au 15 octobre atteignit son apogée. Peu de maisons n’eurent pas à compter de malades, beaucoup en virent plusieurs: quelques familles entières même en lurent frappées. Le bourg lut relativement plus éprouvé que la campagne, mais celle-ci paya largement son tribut, et, dans une seule famille, la mère et la fille se suivirent à peu de jours d intervalle dans la tombe. Peu à peu le mal diminua d’intensité, ne laissant après lui qu’une trop longue liste de victimes.
Nécrologie. C’est au chevet des grippés, que la Sœur Paulin du Carmel d'Avranches, Supérieure de l’Hôpital-Hospice de Percy, a contracté le germe de la maladie qui devait l’emporter à l’âge de 43 ans. Sœur Paulin avait succédé en 1915 à la Sœur Anne-Marie, à la direction de notre hospice, Ces trois années passées parmi nous furent, pour la digne religieuse un véritable apostolat ; outre les malades et infirmes confiés à ses soins vigilants, il lui fallut souvent hospitaliser de malheureux réfugiés, leur distribuer du linge et vêtements, les réconforter dans leur détresse. Sans jamais se plaindre, avec le calme et la force que seule peut donner la religion, alliés à une grande bonté et à une douceur souriante, qualités qui lui étaient naturelles, Sœur Paulin leur consacrait tous ses instants. Il y a quelques semaines, la mort d’un frère aimé, tombé au champ d’honneur, l’avait vivement frappée dans ses plus chères affections : elle aussi, peu de temps après, devait tomber comme un soldat, en faisant son devoir.
Sur la demande de la Commission Administrative de l’Hospice, le Conseil Municipal a tenu à réserver dans le cimetière une concession perpétuelle aux cendres de celle dont on pourrait dire avec Fénelon : « Elle a trop pensé aux autres pour être elle-même jamais oubliée. »
Sur la demande de la Commission Administrative de l’Hospice, le Conseil Municipal a tenu à réserver dans le cimetière une concession perpétuelle aux cendres de celle dont on pourrait dire avec Fénelon : « Elle a trop pensé aux autres pour être elle-même jamais oubliée. »
Article proposé par Jean-Claude Bisson