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mardi 30 mai 2023

Le certificat d'études

        Depuis sa création jusqu’à sa suppression en 1989, le certificat d’études primaires s’est imposé progressivement dans notre mémoire collective comme un passeport efficace vers l'emploi et un espoir d’ascension sociale. Voir l'excellente étude de Patrick Cabanel : "La République du certificat d'études, histoire et anthropologie d'un examen (XIXe - XXe siècle")", Belin, 2002.

        Il fait sa première apparition sous le Second Empire, le 20 août 1866, dans une circulaire rédigée par Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique. Ce dernier "recommande" aux inspecteurs d’académie d’organiser un certificat d’études primaires (CEP) destiné "aux élèves qui auraient subi avec succès un examen portant au moins sur l’enseignement obligatoire", c’est-à-dire la lecture, l’écriture, l’orthographe, le calcul et le système métrique.

        Le 16 juin 1880, enfin, sous la IIIe République, un arrêté sur l’examen du certificat d’études est fixé par Jules Ferry, suivi le 28 mars 1882 par la loi sur l’enseignement primaire obligatoire : le certificat d’études primaires "décerné après un examen public, auquel pourront se présenter les enfants dès l’âge de onze ans" est institué (article 6). Il s’agit d’encourager l’assiduité à l’école et de normaliser les conditions d’acquisition du diplôme de manière qu’il devienne "recherché et obtenu par tout élève qui aura fait de sept à quatorze ans des études primaires régulières et complètes".

        La préparation à l’examen est confiée aux instituteurs avec la mission civique d’instruire les écoliers en leur enseignant, non seulement la lecture, l’écriture, l’analyse grammaticale et logique, l’arithmétique et le système métrique, les sciences et les leçons de choses, mais aussi le chant, la morale et la patrie, l’histoire et la géographie.

        La France décerne environ 20 millions de certificats d’études jusqu’au milieu des années 1960. Puis les réformes du système scolaire de la Cinquième  République conduisent peu à peu tous les élèves du primaire vers le secondaire. La France passe du "certif" pour tous au "bac" pour tous. En 1971, le CEP est réservé aux adultes. En 1989, après 123 ans d’existence, il est aboli.

        Quel était le contenu de cet examen mythique ? A quelles épreuves se trouvaient soumis.e.s les candidat.e.s ? 

        Heureuse initiative prise par l'équipe de Pouilly-le-Fort que de proposer les sujets de l'examen de 1959 et, en remontant dans le temps, pour celles et ceux qui voudraient se refaire la main, quelques sujets et exercices proposés par notre collègue Daniel Berlion, inspecteur d'académie, pour se plonger dans l'ambiance des années 1930.

        Dans le département de la Manche, l'Annuaire de l'enseignement primaire du département de la Manche, publie chaque année, les sujets des examens de l'année précédente.

La Maison d'école de Pouilly-le-Fort

Certificat d'études de 1930

Certificat d'études primaires élémentaires. Diplôme vierge de la manche. Années 1950. Coll. MHEM

Diplôme certificat d'études, 1908. Coll. MHEM/Duhamel


Billet posté par Yves Marion, président de la MHEM

dimanche 23 avril 2023

Ascendance de Jules Ferry

Vient de rejoindre nos collections le n° 141 de la revue Généalogie magazine comportant notamment l'ascendance de Jules Ferry par Myriam provence. Consultable à la MHEM aux heures d'ouverture (voir site MHEM)

 




Référence : MHEM-2453

mardi 14 mars 2023

« Les techniques de la classe » par Guy Lazergues, IGEN, (1958)

C’est avec enthousiasme que je donne mon accord ; plein et entier pour la publication du texte de Monsieur l'inspecteur Général Guy LAZERGES. Ce document était le "squelette" de notre formation en psychopédagogie. Elle nous était dispensée par Monsieur GIRIAT et par Monsieur CANONGE. Ils étaient professeurs à l'E.N.N.E.T. (École Normale Nationale de l'Enseignement Technique à Paris : 1963-1964.) 

Cette formation s’appliquait avec beaucoup d'aisance sur et pour les élèves du "Technique". N'avaient-ils pas été formés à la "Communale", pour recevoir, par la suite, un enseignement, une pédagogie de caractère " ascensionnel". Entendez, celle qui apporte le plaisir d’apprendre, pour savoir plus et aussi triompher des difficultés. 

Dans les professions : techniques, c’est la main qui prolonge l'esprit. Mais c’est l’esprit qui juge la main !
Constatons Ie, le verdict est sans appel possible. En effet, chez le technicien, l’union étroite, constante et indispensable, de la théorie et de la pratique, de la pensée et de l'action - la première dirigeant l'autre qui la contrôle impitoyablement - interdit à la fois les égarements dans l'imaginaire et le verbalisme sonore et creux. 

Toute profession technique à " expression manuelle" ne peut être sans formation scolaire rigoureuse, celle qui forme les esprits cartésiens. De propos délibéré, les programmes du "primaire" ne permettent pas, ne permettent plus, les ascensions sociales par le travail dit manuel. 

S'éloigner de l’empirisme sans une formation rationnelle est absolument impossible dans l'exercice d'une profession et donc dans la société humaine, qui graduellement est de moins en moins humaniste. 

Dans l’exercice d’une profession manuelle - hors des tâches répétitives et parcellaires - les réussites apportent les satisfactions du travail bien fait. Cela par l'application des connaissances acquises à l’École primaire, qui, en se prolongeant, améliore les conditions sociales et donc citoyennes. 

L’évolution sociale repose sur les connaissances requises à l’École primaire ! Ne sont-elles pas le socle des rigueurs qui éloignent l’empirisme ? Ces quelques lignes voudraient exprimer, expliquer, les insuffisances de nos élèves dans le primaire. Aurons-nous un jour des élus du peuple qui reprendront " l’esprit " du plan LANGEVIN-WALLON ? Pour l'heure, tout est habilement pensé pour fermer les portes de l’École de la République et pour en ouvrir d’autres. 

Nos enseignants du " primaire " - en dépit des appellations mélioratives, récemment attribuées - méritent énormément. Ils sont, en vérité, victimes d'un dénigrement fort bien orchestré. J'ai souvenance - et je I' aurai à jamais - d'un devoir de composition française que nous avions à effectuer. En voici de mémoire l'énoncé : Dans la Grèce antique, un riche marchand confia son fils à un ancien esclave, un phrygien devenu pédagogue. L'enfant ne faisait aucun progrès. Le père s'en ouvrit au maître qui répondit :" Je ne peux rien lui apprendre, car il ne m’aime pas !". Ces souvenirs ne manquent pas d’éloquence. Nous le constatons, une action subliminale permanente et politique, fait que l’opprobre est jeté sur les Enseignants. Elle le sera bientôt sur l'École toute entière : cette si belle Institution. Alors Adolphe THIERS sera obéi. N’avait-il pas déclaré : " Un peuple instruit est ingouvernable". Quelques décennies plus tard et peut-être en s’inspirant de THIERS, l’ignoble Joseph GOEBBELS disait " Dès que l'on me parle de culture, je sors mon revolver". Le Maître nous avait dit : "Si, on vous parle de revolver, sortez votre culture ".

 


 

Article et texte proposés par Jean BÉZARD le 11 mars 2023 

 

 

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