Citoyens
« Il est arrivé ce jour qu’appelaient la patience et
le vœu de tous les amis de la félicité publique… L’instruction publique, en
effet, n’est-elle pas le plus grand des biens que la Patrie puisse donner à ses
enfants ? Bannissons pour toujours cette gymnastique inhumaine et barbare
des Grecs et des Romains qui travestissant les peuples en bêtes féroces, en
faisait une société de gladiateurs et d’athlètes... Qu’elle ne doit donc point
être, citoyens, la reconnaissance des habitants de ce département et de ceux de
cette cité en particulier pour ces établissements connus sous le nom d’Ecoles
centrales. Elevés sur tous les points de la République, ces phares lumineux
vont briller d’un éclat inconnu… De ces sanctuaires ne sortiront que d’utiles
vertus, que des préceptes salutaires de morale et de vrai républicanisme, que
les principes constants et invariables qui puissent servir pour toujours de
régulateur à la jeunesse et lui tracer une règle de conduite qui ne soit en
aucun temps démenti… Telles sont, citoyens, les grandes destinées auxquelles sont
appelées les Ecoles centrales. »
C'est en ces termes que s’exprimait Joseph Frain, administrateur et commissaire du directoire exécutif, le 20 vendémiaire an V de la République, lors de l’inauguration de l’école centrale du département de la Manche dans les locaux rénovés de l’ancien collège d’Avranches. Aux propos du citoyen Frain succédèrent ceux, plus nuancés, du député Asselin, de Cherbourg. Perrin, professeur d’histoire naturelle, au nom de ses collègues, décrivit les programmes d’enseignement proposés. Aussitôt, une annonce fut rédigée et, sur le champ, publiée et affichée pour informer les citoyens que les cours commenceraient le lendemain à l’heure fixée.
Yves Marion, 25 février 2022