Informations

Pour cause de réaménagement, la MHEM à Carentan est provisoirement fermée au public. Nous vous prions de nous en excuser.


Menu

mardi 20 décembre 2022

"L'Ecolier de France" par Jean Aicard

 

Jean Aicard par Nadar (Gallica)

Jean Aicard, né le 4 février 1848 à Toulon, mort le 13 mai 1921 à Paris, est un romancier, poète et dramaturge français. Officier de la Légion d’honneur (1901), président de la Société des gens de lettres, Dreyfusard, membre de l’Académie français, élu en 1909 au fauteuil n° 10 de François Coppée, celui occupé par Godeau et par Musset, Jean Aicard est l’auteur d’une œuvre littéraire considérable, aujourd'hui, à peu près tombée dans l’oubli.

Outre des romans et nouvelles, de la poésie et du théâtre, des discours publiés et de nombreuses préfaces, il publie plusieurs essais dont, en 1918, chez Flammarion, Comment redresser la France. Avec Maurin des MauresL’Illustre Maurin ou Gaspard de Besse voire Arlette des Mayons, il est susceptiblle d'entrer dans la catégorie des auteurs jeunesse. D'ailleurs, Isabelle Nieres-Chevrel lui consacre une entrée dans son Dictionnaire du livre de jeunesse : la littérature d’enfance et de jeunesse en France, Paris, Electre-Ed du Cercle de la librairie, 2013, 989 p.



En mains, justement, un petit opuscule de 40 pages, publié par la librairie Hatier à une date non précisée mais qui se situe ente 1909 et 1921, intitulée L’Écolier de France. Quelques extraits permettent de mieux situer le regard porté par l’académicien sur la manière d’enseigner et le rôle qu’il assigne à l’École.

Jean Aicard, L’Écolier de France, Librairie Hatier, Paris, 40 p.



Collections MHEM, Fonds Moineau (MHEM-3542), Fonds Laplace-Dolonde (MHEM-0087)


L’heure est bien choisie pour parler de l’École de France, car il apparaît décidément aujourd’hui aux plus résolus partisans de l’instruction primaire gratuite et obligatoire qu’elle ne leur a pas donné ce qu’elle leur promettait.

On a cru qu’avec des mots on imposerait aux enfants les règles souvent pénibles du devoir, et qu’avec des formules expliquées on échaufferait les cœurs ; en réalité, on ne saurait les échauffer, les créer, les gonfler de générosité française, qu’avec des paroles venues du cœur, avec du sentiment et de l’émotion. Or, par définition, un pédagogue n’est pas un être d’émotion… et c’est bien pourquoi, à l’École, l’institutrice est généralement supérieure à l’instituteur.

Il faut que le maître se tourne vers l’institutrice et lui demande ses méthodes, lui emprunte ses moyens. C’est ici que le féminisme bien compris est à sa place.

Les méthodes de l’éducation morale à l’école seront améliorées lorsqu’elles seront devenues maternelles.

p. 5-7

[En conclusion] : Il faut que le conflit, fréquent aujourd’hui, entre l’école et la famille, cesse, sous peine de mort morale pour l’enfance française, c’est-à-dire pour le pays.

Quand la mère future, élevée par l’institutrice, saura que l’avenir ne dépend plus que d’elle ; quand on aura compris que l’école ne fait que prolonger la protection de la mère sur l’enfant, l’instituteur verra devant lui le véritable Écolier de France.

Et n’est-ce pas sur ce terrain que peuvent se rencontrer les vœux semblables des partis les plus opposés ?

p. 39-40

Mis en ligne par Yves Marion, le 20 décembre 2022

PDF/Print