Jean Aicard, né le 4 février 1848 à Toulon, mort le 13 mai
1921 à Paris, est un romancier, poète et dramaturge français. Officier de la
Légion d’honneur (1901), président de la Société des gens de lettres, Dreyfusard,
membre de l’Académie français, élu en 1909 au fauteuil n° 10 de François Coppée,
celui occupé par Godeau et par Musset, Jean Aicard est l’auteur d’une œuvre littéraire
considérable, aujourd'hui, à peu près tombée dans l’oubli.
Outre des romans et nouvelles, de la poésie et du théâtre, des discours publiés et de nombreuses préfaces, il publie plusieurs essais dont, en 1918, chez Flammarion, Comment redresser la France. Avec Maurin des Maures, L’Illustre Maurin ou Gaspard de Besse voire Arlette des Mayons, il est susceptiblle d'entrer dans la catégorie des auteurs jeunesse. D'ailleurs, Isabelle Nieres-Chevrel lui consacre une entrée dans son Dictionnaire du livre de jeunesse : la littérature d’enfance et de jeunesse en France, Paris, Electre-Ed du Cercle de la librairie, 2013, 989 p.
En mains, justement, un petit opuscule de 40 pages, publié
par la librairie Hatier à une date non précisée mais qui se situe ente 1909 et 1921,
intitulée L’Écolier de France. Quelques extraits permettent de
mieux situer le regard porté par l’académicien sur la manière d’enseigner et le
rôle qu’il assigne à l’École.
Jean Aicard, L’Écolier de France,
Librairie Hatier, Paris, 40 p.
L’heure est bien choisie pour parler de l’École
de France, car il apparaît décidément aujourd’hui aux plus résolus partisans de
l’instruction primaire gratuite et obligatoire qu’elle ne leur a pas donné ce
qu’elle leur promettait.
…
On a cru qu’avec des mots on imposerait aux enfants les
règles souvent pénibles du devoir, et qu’avec des formules expliquées on
échaufferait les cœurs ; en réalité, on ne saurait les échauffer, les créer,
les gonfler de générosité française, qu’avec des paroles venues du cœur, avec
du sentiment et de l’émotion. Or, par définition, un pédagogue n’est pas un
être d’émotion… et c’est bien pourquoi, à l’École, l’institutrice est
généralement supérieure à l’instituteur.
…
Il faut que le maître se tourne vers l’institutrice et lui
demande ses méthodes, lui emprunte ses moyens. C’est ici que le féminisme bien
compris est à sa place.
…
Les méthodes de l’éducation morale à l’école seront
améliorées lorsqu’elles seront devenues maternelles.
p. 5-7
[En conclusion] : Il faut que le conflit, fréquent
aujourd’hui, entre l’école et la famille, cesse, sous peine de mort morale pour
l’enfance française, c’est-à-dire pour le pays.
Quand la mère future, élevée par l’institutrice, saura que
l’avenir ne dépend plus que d’elle ; quand on aura compris que l’école ne
fait que prolonger la protection de la mère sur l’enfant, l’instituteur verra
devant lui le véritable Écolier de France.
Et n’est-ce pas sur ce terrain que peuvent se rencontrer les
vœux semblables des partis les plus opposés ?
p. 39-40
Mis en ligne par Yves Marion, le 20 décembre 2022