En 2015, lors du congrès de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Normandie qui se déroulait à Saint-Lô sur la thème Eduquer et instruire en Normandie, Mona Ozouf, avait donné une conférence remarquée sur La tradition républicaine et l'école*.
L'ouvrage récemment publié sous la direction d'Antoine de Baecque et de Patrick Deville sous forme d'un dialogue, aborde les différents aspects de la vie et de l'oeuvre Mona Ozouf, pour en faire un portrait d'une historienne au carrefour de l'histoire, de la littérature et des idées. Mona Ozouf, portrait d'une historienne est à recommander pour mieux comprendre les articulations d'une oeuvre riche et féconde. En forme d'introduction, Mona Ozouf livre une réflexion salutaire sous forme d'une interrogation : "Y a-t-il une crise du sentiment national?"
Mona Ozouf, agrégée de philosophie, a débuté sa carrière d'enseignante à Caen en 1953, au lycée de jeunes filles, rue Pasteur. C'est là qu'elle y rencontra Michelle Perrot arrivée, elle, en 1951 et Nicole Le Douarin. Se noua alors une amitié qui perdure soixante années après. Les trois amies se sont retrouvées à Caen, hier, 19 mai 2019, à l'occasion du Salon des Livres. Devant une salle comble, dans la salle du réfectoire de l'Hôtel de ville de Caen les trois amies se sont livrées aux questions d'Antoine de Baecque, relatant avec un plaisir communicatif leurs années caennaises, leur existence au lycée mais aussi leurs engagements. Un moment émouvant salué d'une ovation fournie témoignant les remerciements et l'admiration de nombreuses anciennes élèves venues rencontrer leurs anciennes professeures. L'une d'elle, à côté de laquelle j'étais assis, m'a montré avec une fierté non dissimulée, son bulletin scolaire de terminale qu'elle conserve précieusement. Il portait les commentaires et la signature de Mona Ozouf !
Ce fut un grand moment, un très grand moment, l'un de ceux qu'on n'est pas prêt d'oublier.
Yves Marion
20 mai 2019
* FSHAN, éduquer et instruire, actes du congrès, Louviers, 2016, p. 11-19