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lundi 25 février 2019

L’École centrale du département de la Manche à Avranches (1795-1808) et ses professeurs

25 février 1795, création des écoles centrales départementales.

A la fin du XVIIIe siècle, la Manche comptait six collèges. La Révolution, soucieuse de mettre en œuvre une société nouvelle, mit un terme à l’activité de ces collèges de l’Ancien régime en nationalisant les biens du clergé et, par le décret du 27 novembre 1790, en exigeant, de tous les ecclésiastiques, l’obligation du serment constitutionnel. Les collèges se vidèrent de leurs forces enseignantes en même temps que se vidèrent les églises. Mais consciente qu’une société ne peut longtemps survivre sans former ses enfants, la Convention créa les Écoles centrales pour remédier à cette situation.

PV de l'ouverture de classe

Procès-verbal de l’ouverture des classes et de l’installation des professeurs de l’École centrale de la Manche, 20 vendémiaire an V. Archives départementales de la Manche, fonds Canu, 135 J 1.



C’est au nom du Comité d’Instruction publique, que Lakanal fit adopter, le 7 ventôse an III, le projet de décret sur les Écoles centrales qui furent officiellement créées le 26 frimaire suivant*. « Au-dessus des écoles primaires s’élèveraient donc les Écoles centrales qui porteraient ce nom en raison de leur situation au centre des écoles primaires de chaque département et de la portée de toutes les matières enseignées ». Cette nouvelle institution d’enseignement était originale, tant par ses contenus que par les modalités proposées. Selon le premier chapitre de la loi, il devait y avoir, dans chaque département une École centrale par tranche de 300 000 habitants. Chacune de ces écoles devait comporter quatorze chaires d’enseignement. En outre, les leçons devaient être données en français. En outre, auprès de chaque école, il devait se trouver une bibliothèque publique, un jardin et un cabinet d’histoire naturelle, un cabinet de physique expérimentale, une collection de machines et modèles pour les arts et métiers. L’enseignement ainsi proposé était assurément novateur, profondément moderne, très éloigné de l’humanisme antique que proposaient les anciens collèges.

Dans la Manche, d’emblée, plusieurs villes se manifestèrent pour obtenir le droit d’ouvrir une École centrale : Saint-Lô, Coutances, Valognes, Avranches. Au regard de la population, le département devait pouvoir se doter de deux Écoles. Les candidatures d’Avranches et de Valognes furent avancées. Après d’âpres débats seule la première fut autorisée. La loi du 25 messidor an IV ratifia l’affectation des bâtiments de l’ancien collège pour accueillir l’École centrale de la Manche. De cette École centrale, il ne reste, aujourd’hui, aucune trace, hormis, le jardin botanique. Dès le 24 brumaire an V, l’administration mit à la disposition de l’École centrale, un terrain enclos de murs situé tout près de l’école, « le jardin légumier des ci-devants Capucins et la portion de terre y adjacente formant ensemble une étendue de 7 vergées 22 perches ». Un procès-verbal, daté du 20 vendémiaire an V, conservé aux Archives départementales de la Manche, fait état de l’ouverture des classes et de l’installation des professeurs.


Qui vient à visiter ce superbe jardin des plantes d’Avranches tout orienté vers le remarquable panorama que constituent le Mont-Saint-Michel, sa baie, et les sinueux rubans argentés qui l’arrosent, ne se doute pas qu’en franchissant la grille d’entrée, il entre dans le jardin botanique de l’ancienne École centrale de la Manche. A cet instant, s’il levait les yeux, il distinguerait nettement les lettres « JB » entrelacées prouvant qu’il s’agit bien du jardin botanique que fréquentèrent les élèves entre 1796 et 1803.



 Sommet de la grille d’entrée de l’actuel jardin public d’Avranches



Sommet de la grille d’entrée de l’actuel jardin public d’Avranches. Cliché Yves Marion.

La loi du 11 floréal an X, en mettant un terme à l’expérience des Écoles centrales, tourna le dos, et pour longtemps, à un enseignement scientifique et novateur orienté vers une économie moderne de type industriel. L’éducation devint un monopole de l’État. La première étape, ouverte par la loi de floréal an X, fut suivie d’une seconde, créant, en 1808, l’Université impériale. La page était bien tournée.

L'Ecole centrale de la Manche

                                                                       Ouvrage de Madeleine Deries. Original. Collection Yves Marion.


Liste des professeurs de l'école centrale du département de la Manche à Avranches


NOM
Prénom
Fonction
COSTIN
Jean-Jerôme
Legislation
ROBINET
Jean-Louis
Chimie physique expérimentales
LAMBERT
Charles Cyprien

CERISIER
Julien
Bibliothècaire
GILBERT
Guillaume Jean
Belles Lettres
GARDIN
Bernardin
Langues anciennes
MAUGET[1]
Etienne
Langues anciennes
POMMEREAU
Jean-Pierre Aimé
Grammaire générale
POUCHIN DESCRETTES
Jacques
Mathématiques
BAUDIN
Alexandre-Louis
Refus de poste
LECHEVALIER
Jean-Pierre
Histoire naturelle
LANGEVIN
Guillaume André
dessin
LANGEVIN
Auguste
dessin
BONAMI-DUBUISSON
Louis
Directeur du jardin botanique
LESPLU-DUPRE
Joseph
Bibliothécaire adjoint de Cerisier
PERRIN
François
Histoire naturelle




[1] MAUGET n’est plus mentionné en l’an X. C’est GARDIN qui est chargé des langues anciennes
Yves Marion
25 février 2019
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3070
Sources
- MARION, Yves, Quand les enfants du peuple avaient leur école,  préface Mona OZOUF, Cherbourg, Isoéte, 2012, 294 p.
- DERIES, Madeleine, L'Ecole centrale du département de la Manche, Saint-Lô, imp. Jacqueline, 1923, 164 p.
- PEPIN, Louise, "Un haut lieu de la pensée, l'école centrale d'Avranches", La Manche libre, 1 janvier 1984.
- PEPIN, Louise, "1795, une création révolutionnaire. l'école centrale d'Avranches", La Manche libre, 28 janvier 1990.
- MARION, Yves, Madeleine Deries, première docteure "es histoire", Caen, PUC, 2017, 350 p.





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