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Bonnes fêtes de fin d'année. La MHEM à Carentan sera fermée au public. Les permanences reprendront en janvier.


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samedi 28 novembre 2020

A Georges VIMOND, mon ancien « MAITRE D’ECOLE »

Classe de garçons 1947

La « fabrique » d’un enfant dans les années d’après-guerre à l’école communale de SAINT LOUP dans le sud Manche (Avranchin).


C’est toujours un moment d’émouvante nostalgie quand l’un d’entre nous se remémore ses souvenirs d’écolier et les relate en rendant un hommage appuyé à son ancien instituteur. C’est ce que fait ici notre ami Michel Normand. Nous le remercions très chaleureusement de confier ainsi à la MHEM des sentiments qui l’honorent tout autant qu’il illustre une fonction éminemment respectable. Il s’y exprime une sensibilité bien à l’image de son auteur que les internautes retrouveront avec bonheur.

Georges Vimond, est resté instituteur à l’école de Fleury, (près de Villedieu-les-Poêles) durant 24 ans et 32 ans comme secrétaire de mairie. Il a laissé les mêmes souvenirs auprès de ses anciens élèves et concitoyens. Il s’est intéressé à l’histoire locale et, avec l’ancien maire, son ami Raymond Dupard, une personnalité locale, active et investie aussi, qui ne partageait pas ses opinions politiques, il a écrit un ouvrage sur l’histoire de la commune : « Fleury, une commune rurale du centre Manche ». En juin 2013, les deux anciens, maire et instituteur, disparus, ont été solennellement honorés : on a donné leurs noms à chacun des deux parkings de la commune ».

Yves Marion.


Rédigé par Michel Normand en 2004 (dans le cadre des travaux d’un groupe de recherches généalogiques et historiques de l’Université Inter-Ages de Granville).


lundi 23 novembre 2020

ARTE - L'odyssée de l'écriture

 
ARTE - L'odysée de l'écriture

Secrets d’écriture

Réalisée par le Britannique David Sington, cette extraordinaire saga dans les trois principaux foyers de civilisation (Occident, Orient et monde arabo-musulman) nous emporte dans un formidable voyage à travers le temps et le monde pour comprendre la manière dont l’écriture a façonné les sociétés humaines au cours des millénaires. On y découvre l’histoire fascinante des origines, avec de nouvelles révélations d’archéologues et de philologues, mais aussi les secrets de fabrication des supports et des matériaux d’écriture du passé. Riche d’images d’archives illustrant les grandes réformes du siècle dernier, étayé par des témoignages de neuroscientifiques, d’artistes et de spécialistes, en trois épisodes,  des origine à l'ère numérique.

Les origines

 

L'empreinte des civilisations

 

Une nouvelle ère


 

Article proposé par Yves Marion


jeudi 19 novembre 2020

Plus de 10 000 visites !

Trophée

Il y a peu de temps, le compteur des visites du site internet de la MHEM a franchi le cap des 10 000 visites.

Chères lectrices et chers lecteurs, merci de votre fidélité !

Bravo à toutes celles et ceux qui alimentent le site. Si ce n'est pas encore le cas, rejoignez-nous !

mercredi 18 novembre 2020

"Métier d'enseignant.e, métier d'élève"

Exposition 2020

Exposition virtuelle 3D du Musée national de l’Éducation

 

Le Musée national de l’Éducation propose une (superbe) version virtuelle de l'exposition "Métier d'enseignant.e, métier d'élève", inaugurée le 16 octobre dernier, elle est désormais accessible en 3D. Vous pouvez la visiter tout en restant chez vous. Cette visite est à enrichir avec la lecture du Catalogue et les documents connexes à l’exposition in situ.

 

 

Lien - Exposition virtuelle en 3D


Le 21 novembre - Visioconférence de la SAHM


Le 21 novembre 2020 à partir de 15 heures, la SAHM organise une visioconférence en direct



« Van Gogh sur les pas de Millet »

Par Béatrice Bérard

 

Adresse du lien : https://join.skype.com/hFpzgHGW7d9p

 

Article proposé par Michel Madec

Les instituteurs de la Manche et leurs associations au début du XXe siècle

Jacques Ousouf

 

Nous vous proposons une analyse de Jacques Ozouf portant sur "Les instituteurs de la Manche et leurs associations au début du XXe siècle".

Cette étude est parue dans dans la "Revue d'histoire moderne et contemporaine" en 1966.

Jacques Ozouf, petit-fils de Paul Ozouf. Ce dernier, originaire de la région de La Haye-du-Puits, instituteur et directeur d'école à Lingreville puis directeur du cours complémentaire de Sourdeval-la-Barre ouvert à la rentrée 1892. Il était le fils de René Ozouf et de Marianne Brossolette, bien connus des pédagogues pour être les auteurs de nombreux ouvrages scolaires, notamment d'histoire et de géographie. Jacques Ozouf fut, au début de sa carrière, enseignant à Caen, au lycée Malherbe. Parmi les nombreux ouvrages et études qui font références chez les spécialistes de l'histoire de l'éducation, citons le très remarquable ouvrage rédigé avec François Furet, Lire et écrire, l'alphabétisation des français de Calvin à Jules Ferry, publié avec le concours du CNRS, en 1977, par les Editions de Minuit.  YM, 18 novembre 2020

 

 

 Texte intégral




Article proposé par Yves Marion


dimanche 15 novembre 2020

Programme du bac : Les Contemplations de Victor Hugo

En ces temps  si particuliers où l'accès aux cours dans les lycées est contingenté, Sarah Sauquet suggère une démarche afin d'utiliser Gallica pour préparer les bac de français. Victor Hugo est au programme !

Les Contemplations, Livres I à IV, ou les Mémoires d’une  âme. BA

Histoire de la machine à écrire

 Vous souvenez vous de ces bruits familiers : un cliquetis répétitif ponctué par le tintement du retour chariot ? 

Gallica revient sur l’histoire de la machine à écrire.

Histoire de la machine à écrire par Chloé Couttour

samedi 14 novembre 2020

La sexualité des Françaises et des Français à l'époque de Napoléon

Sur sa chaine YouTube, le 19 novembre, 17 heures, Jacques-Olivier Bourdon animera une conférence ayant pour thème : "La sexualité des Françaises et des Français à l'époque de Napoléon."

Jacques-Olivier Boudon, Président de Institut Napoléon,  est un historien français. Il est professeur à l'université Paris IV Sorbonne depuis 2003. Ses thèmes de recherche sont l'histoire de la Révolution française et du Premier Empire ainsi que l'histoire religieuse contemporaine. Il est ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'histoire et docteur en histoire.
 
Sur sa chaine YouTube vous trouverez 7 vidéos portant sur la période du Consulat et de  l'Empire. Il est l'auteur de nombreux ouvrages.
 

Article proposé par Chantal Procureur
 
 
 
Nous vous proposons l'enregistrement une intervention de Jacques-Olivier Bourdon lors du Gene@event 2020 (semaine virtuelle de la généalogie) sur le même thème.

Valérie Arnold-Gautier - Présidente de la FFG - et Jacques-Olivier Bourdon





Les affiches scolaires

Affiches scolaires : la nostalgie de l'école


Aujourd'hui, toutes les connaissances du monde sont accessibles en seulement quelques clics. Avant l’avènement des technologies modernes, telles que la projection de diapositives ou le rétroprojecteur avec les fameux transparents, les affiches scolaires étaient un outil indispensable de l’enseignement. Ces grandes reproductions graphiques accrochées au mur ou au tableau avaient l’avantage d’attirer l’attention de tous les élèves sur un même point, celui indiqué par le maître ou la maîtresse avec sa grande règle en bois.

A l’époque, l’imagerie scolaire était surtout utilisée pour les matières suivantes : la religion, la géographie, l'histoire et les sciences naturelles, comme la biologie.

Les affiches seront utilisées jusqu'en 1980. C'était l'éducation par l'image.


Pour parcourir les 50 affiches scolaires proposées





Article proposé par Michel Madec
 
 
 

Atestation por en plene quiestude user l'huis de sortie

Octroi de Franc Passage

 

Confiné certes, mais finement, c'est mieux.

 

 Document d'Alain Aubril avec le commentaire de Janjac 
 
 
Lien de téléchargement de l'octroi à présenter à la maréchaussée à vos risques et périls
 
 
 

jeudi 12 novembre 2020

Paul-Jacques Bonzon. A l'ombre des séries, des œuvres singulières

 Les Cahiers Robinson n°48 (2e semestre 2020) sont parus.

PAUL-JACQUES BONZON. A L’OMBRE DES SERIES, DES OEUVRES SINGULIERES

sous la direction de Christine Prévost et Aurélie Gille-Comte Sponville




Cette livraison s’intéresse à la partie de l’œuvre de Paul-Jacques Bonzon qui n’entre pas dans le cadre des séries. Des romans comme Du gui pour ChristmasLes Orphelins de Simitra, L’Éventail de Séville, ou encore Le Viking au bracelet d’argent, ont connu un grand succès tant auprès du public que des prescripteurs. Relire ces romans permet d’éclairer le développement de la littérature de jeunesse dans les décennies des Trente Glorieuses.

Relire Bonzon aujourd’hui, c’est aussi mesurer l’écart entre notre monde et celui de l’après-guerre, encore désuet, un monde dans l’attente d’une modernité qui va l’emporter, un monde où les gens semblent avoir des désirs simples mais où l’appel de l’exotisme se fait sentir avec insistance.

Un remarquable numéro que tous les spécialistes et passionnés de littérature jeunesse ainsi que les pédagogues ne manqueront pas d’acquérir.

ISBN : 978-2-84832-396-1

Dimensions : 16×24 cm, 186 pages

Prix : 16 €

Se rendre sur le site Artois presses université,

9 rue du Temple, BP 10665, 62030 ARRAS Cedex. 



Les instituteurs de la Manche à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) par Guillaume Mourier

 


Annales de Normandie 2020/1 (70e année)

pages 91 à 130

Guillaume Mourier

Les instituteurs de la Manche à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)


            Cette étude se propose d’analyser les comportements des instituteurs manchois à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale. Elle mesure les impacts de la guerre sur un corps professionnel dont les membres sont à l’interface des prérogatives de l’État et de leurs aspirations et convictions personnelles : comment et pourquoi les instituteurs de la Manche réagissent-ils, ou non, à la remise en cause des valeurs républicaines ? D’abord, l’immédiat avant-guerre jusqu’à l’été 1940 permet de cerner l’état d’esprit des instituteurs à la veille du conflit et de relever les premiers impacts de la défaite. Ensuite, vient l’étude de l’Occupation, des contraintes de la présence allemande dans la vie quotidienne, des pressions de Vichy et de l’engagement dans la Résistance de certains instituteurs. Enfin, les comportements des enseignants de l’école primaire durant la Libération et ses lendemains sont analysés.

       Mourier Guillaume, « Les instituteurs de la Manche à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) », Annales de Normandie, 2020/1 (70e année), p. 91-130. 

URL : https://www.cairn-int.info/revue-annales-de-normandie-2020-1-page-91.htm




lundi 9 novembre 2020

Liste des biens ayant appartenu aux établissements publics du culte, établissements scolaires de la Manche, 1909

 

Christophe Canivet à la gentillesse de nous signaler la publication au Journal officiel de la liste des biens ayant appartenu aux établissements publics du culte, qui avaient leur siège dans le département de la Manche. Publication faite en exécution de l'article 9, §§ 7 et 9, de la loi du 9 décembre 1905, complétée par la loi du 13 avril 1908.

Cette publication se montre utile aux chercheurs en histoire de l’école vu le nombre d’établissements scolaires visés, le plus souvent dans le cadre de donations  avec charge. Outre les immeubles, on retrouve dans cette liste de nombreux actifs de nature mobiliaire résultant de rentes ou de donations avec charge.

La donation avec charge est une donation qui a une contrepartie déterminée par le donateur lui-même (entretien d'un bâtiment, pain des pauvres etc...). Elle conserve donc une certaine individualité. A l'inverse, la donation simple (où le donateur ne précise pas à quoi doivent servir les fonds) se fond immédiatement dans le compte-courant du bénéficiaire. Restant individualisées, elles apparaissent donc encore dans les bilans des années après leur envoi en possession, tout le temps que leur capital n'est pas épuisé.

Pour lire l'article

Proposé par Christophe Canivet

Yves Marion

dimanche 8 novembre 2020

"L'esclavage moderne de l'ignorance" par Ernest Renan

 En 1890, l’écrivain, philosophe et historien Ernest Renan, affirmant que le suffrage universel suppose notamment « que tous sont compétents pour juger les questions gouvernementales » et refusant de reconnaître ce qu’il qualifie de « souveraineté de la déraison », fustige dans L’avenir de la science ceux qui, se refusant à éclairer le peuple, s’appliquent à le maintenir dans l’ignorance afin de s’assurer de son aveuglement pour réussir, socle du système politique actuel...


Lire la suite 


Ernest Renan


vendredi 6 novembre 2020

Flash info


La situation sanitaire impose la suspension des activités MHEM.

Ainsi:

  • Fermeture du local situé 12 rue du château à Carentan.
  • Report à une date ultérieure de la conférence « 14/18 - Regards croisés sur la vie quotidienne » initialement prévue le 13 novembre 2020.
  • Report à 2021 de l’Assemblée générale – Renouvellement des 1/3.
  • Prochain CA en visioconférence le samedi 28 novembre, 1 H max en fin de matinée (avec les actifs professionnels) :

Ordre du jour ::

  •  Inventaire / Aménagement du local
  •  Renouvellement des 1/3 - Statuts
  •  Point de situation (administrative et financière)

Le site internet https://mhem-carentan.blogspot.com/
reste ouvert et est mis à jour : près de 10 000 visites, une réelle réussite !!

 

 

mercredi 4 novembre 2020

La tapisserie de Bayeux

La tapisserie de Bayeux, histoire et numérisation

 

 

Conférences de Culture Numérique - UFR Humanités et Sciences Sociales

du 15 octobre 2020 - Caen - Amphithéâtre Frémont

par Pierre  Bouet  et Arnaud Daret 

 


Source: canal-u.tv   

Site internet Canal U

dimanche 1 novembre 2020

Jules Ferry, "Lettre aux instituteurs" du 17 novembre 1883

 

La « lettre aux instituteurs » du 27 novembre 1883 est une circulaire du ministre de l'Instruction publique Jules Ferry qui, suite au vote de la loi du 28 mars 1882 sur l’école primaire obligatoire et laïque, dans un contexte de polémique des milieux cléricaux contre la laïcisation de l’école, leur explique leurs nouveaux rôles et définit la finalité et les modalités d’une éducation morale et civique. 

Jules Ferry insiste longuement sur l'idée qu'il s'agit d'une morale « commune » : « Vous n’avez à enseigner, à proprement parler, rien de nouveau, rien qui ne vous soit familier comme à tous les honnêtes gens […]. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire ; sinon, parlez hardiment ».

« Parlez hardiment » : pour Jules Ferry , l’enseignement de la morale appartient à l’Ecole (non par ‘’défaut’’, parce que les familles seraient défaillantes, comme on l’entend souvent aujourd’hui) mais parce que c’est son rôle éminent et un honneur pour les enseignants : « L’instruction religieuse appartient à la famille et à l’Eglise, l’instruction morale à l’Ecole […]»

Il n'y est nullement question de ''neutralité scolaire'' ou de ''neutralité politique'' mais de la possibilité et de la nécessité d'un enseignement ''laïque'' d'une morale ''commune''. Pour s'en convaincre, il n'est que de retourner au texte lui-même. 



Lettre aux instituteurs, 1883

 

Paris, le 17 novembre 1883

 

Monsieur l’Instituteur,

 

L’année scolaire qui vient de s’ouvrir sera la seconde année d’application de la loi du 28 mars 1882. Je ne veux pas la laisser commencer sans vous adresser personnellement quelques recommandations qui sans doute ne vous paraîtront pas superflues après la première année d’expérience que vous venez de faire du régime nouveau. Des diverses obligations qu’il vous impose, celle assurément qui vous tient le plus à cœur, celle qui vous apporte le plus lourd surcroît de travail et de souci, c’est la mission qui vous est confiée de donner à vos élèves l’éducation morale et l’instruction civique : vous me saurez gré de répondre à vos préoccupations en essayant de bien fixer le caractère et l’objet de ce nouvel enseignement ; et, pour y mieux réussir, vous me permettrez de me mettre un instant à votre place, afin de vous montrer, par des exemples empruntés au détail même de vos fonctions, comment vous pourrez remplir à cet égard tout votre devoir et rien que votre devoir.

La loi du 28 mars se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire : d’une part, elle met en dehors du programme obligatoire l’enseignement de tout dogme particulier, d’autre part elle y place au premier rang l’enseignement moral et civique. L’instruction religieuse appartient aux familles et à l’église, l’instruction morale à l’école.

Le législateur n’a donc pas entendu faire une œuvre purement négative. Sans doute il a eu pour premier objet de séparer l’école de l’église, d’assurer la liberté de conscience et des maîtres et des élèves, de distinguer enfin deux domaines trop longtemps confondus, celui des croyances qui sont personnelles, libres et variables, et celui des connaissances qui sont communes et indispensables à tous. Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme la volonté de fonder chez nous une éducation nationale et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n’hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer.

Pour cette partie capitale de l’éducation, c’est sur vous, Monsieur, que les pouvoirs publics ont compté. En vous dispensant de l’enseignement religieux, on n’a pas songé à vous décharger de l’enseignement moral : c’eût été vous enlever ce qui fait la dignité de votre profession. Au contraire, il a paru tout naturel que l’instituteur, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage et du calcul.

En vous conférant de telles fonctions, le Parlement s’est-il trompé ? A-t-il trop présumé de vos forces, de votre bon vouloir, de votre compétence ? Assurément il eût encouru ce reproche s’il avait imaginé de charger tout à coup quatre-vingt mille instituteurs et institutrices d’une sorte de cours ex professo sur les principes, les origines et les fins dernières de la morale. Mais qui jamais a conçu rien de semblable ? Au lendemain même du vote de la loi, le Conseil supérieur de l’instruction publique a pris soin de vous expliquer ce qu’on attendait de vous, et il l’a fait en des termes qui défient toute équivoque. Vous trouverez ci-inclus un exemplaire des programmes qu’il a approuvés et qui sont pour vous le plus précieux commentaire de la loi : je ne saurais trop vous recommander de les relire et de vous en inspirer. Vous y puiserez la réponse aux deux critiques opposées qui vous parviennent. Les uns vous disent : Votre tâche d’éducateur moral est impossible à remplir. Les autres : Elle est banale et insignifiante. C’est placer le but ou trop haut ou trop bas. Laissez-moi vous expliquer que la tâche n’est ni au-dessus de vos forces ni au-dessous de votre estime, qu’elle est très limitée et pourtant d’une très grande importance, — extrêmement simple, mais extrêmement difficile.

J’ai dit que votre rôle en matière d’éducation morale est très limité. Vous n’avez à enseigner à proprement parler rien de nouveau, rien qui ne vous soit familier comme à tous les honnêtes gens. Et quand on vous parle de mission et d’apostolat, vous n’allez pas vous y méprendre : vous n’êtes point l’apôtre d’un nouvel évangile ; le législateur n’a voulu faire de vous ni un philosophe, ni un théologien improvisé. Il ne vous demande rien qu’on ne puisse demander à tout homme de cœur et de sens. Il est impossible que vous voyiez chaque jour tous ces enfants qui se pressent autour de vous, écoutant vos leçons, observant votre conduite, s’inspirant de vos exemples, à l’âge où l’esprit s’éveille, où le cœur s’ouvre, où la mémoire s’enrichit, sans que l’idée vous vienne aussitôt de profiter de cette docilité, de cette confiance, pour leur transmettre, avec les connaissances scolaires proprement dites, les principes mêmes de la morale, j’entends simplement de cette bonne et antique morale que nous avons reçue de nos pères et que nous nous honorons tous de suivre dans les relations de la vie sans nous mettre en peine d’en discuter les bases philosophiques.

Vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille ; parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l’on parlât au vôtre ; avec force et autorité, toutes les fois qu’il s’agit d’une vérité incontestée, d’un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez d’effleurer un sentiment religieux dont vous n’êtes pas juge.

Si parfois vous étiez embarrassé pour savoir jusqu’où il vous est permis d’aller dans votre enseignement moral, voici une règle pratique à laquelle vous pourrez vous tenir : avant de proposer à vos élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve, à votre connaissance, un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire ; sinon, parlez hardiment, car ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas votre propre sagesse, c’est la sagesse du genre humain, c’est une de ces idées d’ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l’humanité. Si étroit que vous semble, peut-être, un cercle d’action ainsi tracé, faites-vous un devoir d’honneur de n’en jamais sortir, restez en deçà de cette limite plutôt que de vous exposer à la franchir : vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée, qui est la conscience de l’enfant. Mais une fois que vous vous êtes ainsi loyalement enfermé dans l’humble et sûre région de la morale usuelle, que vous demande-t-on ? Des discours ? Des dissertations savantes ? De brillants exposés, un docte enseignement ? Non, la famille et la société vous demandent de les aider à bien élever leurs enfants, à en faire des honnêtes gens. C’est dire qu’elles attendent de vous non des paroles, mais des actes, non pas un enseignement de plus à inscrire au programme, mais un service tout pratique que vous pourrez rendre au pays plutôt encore comme homme que comme professeur.

Il ne s’agit plus là d’une série de vérités à démontrer mais, ce qui est tout autrement laborieux, d’une longue suite d’influences morales à exercer sur de jeunes êtres, à force de patience, de fermeté, de douceur, d’élévation dans le caractère et de puissance persuasive. On a compté sur vous pour leur apprendre à bien vivre par la manière même dont vous vivez avec eux et devant eux. On a osé prétendre pour vous à ce que d’ici quelques générations les habitudes et les idées des populations au milieu desquelles vous aurez exercé attestent les bons effets de vos leçons de morale. Ce sera dans l’histoire un honneur particulier pour notre corps enseignant d’avoir mérité d’inspirer aux Chambres françaises cette opinion, qu’il y a dans chaque instituteur, dans chaque institutrice, un auxiliaire naturel du progrès moral et social, une personne dont l’influence ne peut manquer en quelque sorte d’élever autour d’elle le niveau des mœurs. Ce rôle est assez beau pour que vous n’éprouviez nul besoin de l’agrandir. D’autres se chargeront plus tard d’achever l’œuvre que vous ébauchez dans l’enfant et d’ajouter à l’enseignement primaire de la morale un complément de culture philosophique ou religieuse. Pour vous, bornez-vous à l’office que la société vous assigne et qui a aussi sa noblesse : poser dans l’âme des enfants les premiers et solides fondements de la simple moralité. Dans une telle œuvre, vous le savez, Monsieur, ce n’est pas avec des difficultés de théorie et de haute spéculation que vous avez à vous mesurer ; c’est avec des défauts, des vices, des préjugés grossiers. Ces défauts, il ne s’agit pas de les condamner — tout le monde ne les condamne-t-il pas ? — mais de les faire disparaître par une succession de petites victoires obscurément remportées. Il ne suffit donc pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons, il faut surtout que leur caractère s’en ressente : ce n’est pas dans l’école, c’est surtout hors de l’école qu’on pourra juger ce qu’a valu votre enseignement.

Au reste, voulez-vous en juger vous-même dès à présent et voir si votre enseignement est bien engagé dans cette voie, la seule bonne : examinez s’il a déjà conduit vos élèves à quelques réformes pratiques. Vous leur avez parlé, par exemple, du respect dû à la loi : si cette leçon ne les empêche pas, au sortir de la classe, de commettre une fraude, un acte, fût-il léger, de contrebande ou de braconnage, vous n’avez rien fait encore ; la leçon de morale n’a pas porté.

Ou bien vous leur avez expliqué ce que c’est que la justice et que la vérité : en sont-ils assez profondément pénétrés pour aimer mieux avouer une faute que de la dissimuler par un mensonge, pour se refuser à une indélicatesse ou à un passe-droit en leur faveur ?

Vous avez flétri l’égoïsme et fait l’éloge du dévouement : ont-ils, le moment d’après, abandonné un camarade en péril pour ne songer qu’à eux-mêmes ? Votre leçon est à recommencer.

Et que ces rechutes ne vous découragent pas. Ce n’est pas l’œuvre d’un jour de former ou de réformer une âme libre. Il y faut beaucoup de leçons sans doute, des lectures, des maximes écrites, copiées, lues et relues ; mais il y faut surtout des exercices pratiques, des efforts, des actes, des habitudes. Les enfants ont en morale un apprentissage à faire, absolument comme pour la lecture ou le calcul. L’enfant qui sait reconnaître et assembler des lettres ne sait pas encore lire ; celui qui sait les tracer l’une après l’autre ne sait pas écrire. Que manque-t-il à l’un et à l’autre ? La pratique, l’habitude, la facilité, la rapidité et la sûreté de l’exécution. De même, l’enfant qui répète les premiers préceptes de la morale ne sait pas encore se conduire : il faut qu’on l’exerce à les appliquer couramment, ordinairement, presque d’instinct ; alors seulement la morale aura passé de son esprit dans son cœur, et elle passera de là dans sa vie ; il ne pourra plus la désapprendre.

De ce caractère tout pratique de l’éducation morale à l’école primaire, il me semble facile de tirer les règles qui doivent vous guider dans le choix de vos moyens d’enseignement.

Une seule méthode vous permettra d’obtenir les résultats que nous souhaitons. C’est celle que le Conseil supérieur vous a recommandée : peu de formules, peu d’abstractions, beaucoup d’exemples et surtout d’exemples pris sur le vif de la réalité. Ces leçons veulent un autre ton, une autre allure que tout le reste de la classe, je ne sais quoi de plus personnel, de plus intime, de plus grave. Ce n’est pas le livre qui parle, ce n’est même plus le fonctionnaire, c’est pour ainsi dire le père de famille dans toute la sincérité de sa conviction et de son sentiment.

Est-ce à dire qu’on puisse vous demander de vous répandre en une sorte d’improvisation perpétuelle sans aliment et sans appui du dehors ? Personne n’y a songé, et, bien loin de vous manquer, les secours extérieurs qui vous sont offerts ne peuvent vous embarrasser que par leur richesse et leur diversité. Des philosophes et des publicistes, dont quelques-uns comptent parmi les plus autorisés de notre temps et de notre pays, ont tenu à honneur de se faire vos collaborateurs, ils ont mis à votre disposition ce que leur doctrine a de plus pur et de plus élevé. Depuis quelques mois, nous voyons grossir presque de semaine en semaine le nombre des manuels d’instruction morale et civique. Rien ne prouve mieux le prix que l’opinion publique attache à l’établissement d’une forte culture morale par l’école primaire. L’enseignement laïque de la morale n’est donc estimé ni impossible, ni inutile, puisque la mesure décrétée par le législateur a éveillé aussitôt un si puissant écho dans le pays.

C’est ici cependant qu’il importe de distinguer de plus près entre l’essentiel et l’accessoire, entre l’enseignement moral qui est obligatoire, et les moyens d’enseignement qui ne le sont pas. Si quelques personnes, peu au courant de la pédagogie moderne, ont pu croire que nos livres scolaires d’instruction morale et civique allaient être une sorte de catéchisme nouveau, c’est là une erreur que ni vous, ni vos collègues, n’avez pu commettre. Vous savez trop bien que, sous le régime de libre examen et de libre concurrence qui est le droit commun en matière de librairie classique, aucun livre ne vous arrive imposé par l’autorité universitaire. Comme tous les ouvrages que vous employez, et plus encore que tous les autres, le livre de morale est entre vos mains un auxiliaire et rien de plus, un instrument dont vous vous servez sans vous y asservir.

Les familles se méprendraient sur le caractère de votre enseignement moral si elles pouvaient croire qu’il réside surtout dans l’usage exclusif d’un livre même excellent. C’est à vous de mettre la vérité morale à la portée de toutes les intelligences, même de celles qui n’auraient pour suivre vos leçons le secours d’aucun manuel ; et ce sera le cas tout d’abord dans le cours élémentaire. Avec de tout jeunes enfants qui commencent seulement à lire, un manuel spécial de morale et d’instruction civique serait manifestement inutile. À ce premier degré, le Conseil supérieur vous recommande, de préférence à l’étude prématurée d’un traité quelconque, ces causeries familières dans la forme, substantielles au fond, ces explications à la suite des lectures et des leçons diverses, ces mille prétextes que vous offrent la classe et la vie de tous les jours pour exercer le sens moral de l’enfant.

Dans le cours moyen, le manuel n’est autre chose qu’un livre de lectures qui s’ajoute à ceux que vous possédez déjà. Là encore, le Conseil, loin de vous prescrire un enchaînement rigoureux de doctrines, a tenu à vous laisser libre de varier vos procédés d’enseignement : le livre n’intervient que pour vous fournir un choix tout fait de bons exemples, de sages maximes et de récits qui mettent la morale en action.

Enfin, dans le cours supérieur, le livre devient surtout un utile moyen de réviser, de fixer et de coordonner ; c’est comme le recueil méthodique des principales idées qui doivent se graver dans l’esprit du jeune homme.

Mais, vous le voyez, à ces trois degrés, ce qui importe, ce n’est pas l’action du livre, c’est la vôtre. Il ne faudrait pas que le livre vînt en quelque sorte s’interposer entre vos élèves et vous, refroidir votre parole, en émousser l’impression sur l’âme de vos élèves, vous réduire au rôle de simple répétiteur de la morale. Le livre est fait pour vous, non vous pour le livre. Il est votre conseiller et votre guide, mais c’est vous qui devez rester le guide et le conseiller par excellence de vos élèves.

Pour vous donner tous les moyens de nourrir votre enseignement personnel de la substance des meilleurs ouvrages, sans que le hasard des circonstances vous enchaîne exclusivement à tel ou tel manuel, je vous envoie la liste complète des traités d’instruction morale et civique qui ont été, cette année, adoptés par les instituteurs dans les diverses académies ; la bibliothèque pédagogique du chef-lieu de canton les recevra du ministère, si elle ne les possède déjà, et les mettra à votre disposition. Cet examen fait, vous restez libre ou de prendre un de ces ouvrages pour en faire un des livres de lecture habituelle de la classe ; ou bien d’en employer concurremment plusieurs, tous pris, bien entendu, dans la liste générale ci-incluse ; ou bien encore, vous pouvez vous réserver de choisir vous-même, dans différents auteurs, des extraits destinés à être lus, dictés, appris. Il est juste que vous ayez à cet égard autant de liberté que vous avez de responsabilité. Mais quelque solution que vous préfériez, je ne saurais trop vous le redire, faites toujours bien comprendre que vous mettez votre amour-propre, ou plutôt votre honneur, non pas à faire adopter tel ou tel livre, mais à faire pénétrer profondément dans les jeunes générations l’enseignement pratique des bonnes règles et des bons sentiments.

Il dépend de vous, Monsieur, j’en ai la certitude, de hâter par votre manière d’agir le moment où cet enseignement sera partout non seulement accepté, mais apprécié, honoré, aimé, comme il mérite de l’être. Les populations mêmes dont on a cherché à exciter les inquiétudes ne résisteront pas longtemps à l’expérience qui se fera sous leurs yeux. Quand elles vous auront vu à l’œuvre, quand elles reconnaîtront que vous n’avez d’autre arrière-pensée que de leur rendre leurs enfants plus instruits et meilleurs, quand elles remarqueront que vos leçons de morale commencent à produire de l’effet, que leurs enfants rapportent de votre classe de meilleures habitudes, des manières plus douces et plus respectueuses, plus de droiture, plus d’obéissance, plus de goût pour le travail, plus de soumission au devoir, enfin tous les signes d’une incessante amélioration morale, alors la cause de l’école laïque sera gagnée, le bon sens du père et le cœur de la mère ne s’y tromperont pas, et ils n’auront pas besoin qu’on leur apprenne ce qu’ils vous doivent d’estime, de confiance et de gratitude.

J’ai essayé de vous donner, Monsieur, une idée aussi précise que possible d’une partie de votre tâche qui est, à certains égards, nouvelle, qui de toutes est la plus délicate ; permettez-moi d’ajouter que c’est aussi celle qui vous laissera les plus intimes et les plus durables satisfactions. Je serais heureux si j’avais contribué par cette lettre à vous montrer toute l’importance qu’y attache le gouvernement de la République et si je vous avais décidé à redoubler d’efforts pour préparer à notre pays une génération de bons citoyens.

Recevez, Monsieur l’instituteur, l’expression de ma considération distinguée.

 

Le Président du Conseil,
Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts,
Jules Ferry

 Yves Marion, 1er novembre 2020