Le 9 octobre 1847, Saint-Lô accueillait le Ministre de l’Instruction publique, le comte de Salvandy. A cette occasion la ville offrait un banquet. Charles Feuillet-Despallières y était présent. Il raconte.
Le 9 octobre 1847, Saint-Lô accueillait le Ministre de l’Instruction publique, Monsieur le comte de Salvandy. Il se rendait le lendemain à Coutances pour l’inauguration de la statue érigée pour l’architrésorier Lebrun, duc de Plaisance.
A cette occasion, un banquet avait été servi par la ville de Saint-Lô en son honneur, dans le local occupé par l’école normale. Le ministre souhaitait visiter les travaux du nouveau collège afin de pouvoir statuer en toute connaissance de cause sur les prétentions élevées par Coutances et Saint-Lô pour obtenir un collège royal.
Dans un discours improvisé précise le rapporteur, Monsieur de Salvandy a protesté de ses bonnes intentions en faveur de la ville qu’il avait, dit-il, habité en 1800. Il a conclu son discours en précisant que son devoir de ministre s’opposait à ce qu’il donnât une solution au sujet du collège royal mais que Saint-Lô pouvait compter sur ses sympathies et le désir qu’il avait de lui être agréable.
On s’était mis à table à 6 heures et demie. Il était près de 10 heures lorsque le ministre se retira pour se rendre à la soirée de la préfecture. Durant le banquet, la musique de la Garde nationale joua plusieurs morceaux. Pour les invités, la souscription avait été fixée à 10 francs par tête.
Du collège royal à Saint-Lô, on sait ce qu’il en advint. C’est à Coutances que le collège fut transformé en lycée impérial. C’était en 1853. L'ancien recteur de l'académie de Caen, l'abbé Daniel, originaire de Contrières et ancien directeur du collège de Coutances, venait d'être nommé évêque des diocèses de Coutances et d'Avranches.
On avait changé d’époque. La Révolution de 1848 et la seconde République avaient fait place au Second Empire. Le président, élu en 1848, s’était proclamé empereur. Les hommes avaient changé. Le comte Narcissse-Achille de Salvandy avait été rendu à la vie privée. Ses bonnes dispositions à l’égard de la ville de Saint-Lô étaient bien loin. Le ministre né à Condom, dans le département du Gers, le 11 juin 1795 décéda à Graveron, dans l’Eure, le 15 décembre 1856. Il était président de la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l’Eure. Homme politique et écrivain, il entra au ministère Soult le 1er février 1845 et demeura en place sous le ministère Guizot jusqu’au 23 février 1848. Il était un opposant féroce du monopole de l’Université et reconstitua le Conseil royal de l’instruction publique. On lui doit notamment la création de l’Ecole d’Athènes et restaura l’Ecole des Chartes.
Yves Marion
Maj 22 décembre 2020